Deux faces d’une même médaille. Notre pays est divisé entre citoyens qui jubilent, s’exhibent et paradent et des populations, les yeux hagards, le coeur serré, ayant du mal à joindre les deux bouts. Si quelques-uns estiment, à tort ou à raison, qu’ils ont de bonnes raisons d’espérer et de s’adonner à des célébrations et des réjouissances bruyantes, des acteurs appellent à un sursaut individuel et collectif afin de reprendre en main un destin supposé sous hypothèque. Enfin, la majorité silencieuse avale des couleuvres avec une apparente résignation, troublée par un air de colère froide et de révolte latente. Le malheur de beaucoup pourrait bien expliquer le bonheur d’une poignée d’individus qui ne croient pas à l’espérance commune et ne se préoccupent que de leurs sorts personnels.
Demain est trop loin pour y penser, hier est déjà oublié, aujourd’hui est à soi, se disent-ils, sûrs de leur fait, fiers de marcher sur les autres, baignant dans l’insouciance totale.
L’arrogance altère la raison, l’orgueil s’oppose à la lucidité et à tout effort de discernement. L’on ne doute plus de rien dans les certitudes acquises, ne craint personne , emmuré dans l’excès de confiance et convaincu d’être invincible. Et, pourtant, c’est lorsqu’on croit avoir tout gagné qu’on peut tout perdre, c’est quand tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes que le ciel nous tombe dessus. C’est ainsi aussi bien dans les mythologies que dans l’histoire de l’humanité. Bellérophon, dans la mythologie grecque, après avoir réussi à capturer et dompter Pégase, le cheval ailé, parvint à voler au-dessus de la chimère, réputée un monstre dangereux et invulnérable, pour la neutraliser. Se sentant fort de cet exploit et d’autres brillamment réussis, Bellérophon s’est senti si exceptionnel, aussi puissant que les dieux, qu’il décida de monter sur l’Olympe pour y habiter avec eux. Zeus, pris de colère, envoya un taon piquer Pégase. C’est alors que Bellérophon retomba avec son cheval sur terre et mourrut, donc d’avoir péché par orgueil et de n’avoir pas eu de limites dans son ascension fulgurante et sous l’emprise de ses succès éclatants.
“Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé , serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence”.
L’édito/ lerevelateur224.com