Sévèrement affecté par l’incendie du principal dépôt d’hydrocarbures de Coronthie, à Kaloum, centre administratif de Conakry, l’Office Guinéen de Publicité (OGP) a dû déménager à Belle-Vue, à Dixinn, dans un nouvel local temporaire, pour assurer le service minimum. Au-delà, la Direction générale de l’entreprise a mis en congés techniques son personnel non essentiel, pour une période de trois mois allant « du 1er janvier 2024 au 31 mars 2024 ».
Face à cette décision, des rumeurs les plus folles ont pollué mardi 2 janvier 2024, certains médias et réseaux sociaux, sur un prétendu licenciement du personnel de l’Office Guinéen de Publicité. Le Directeur général de l’OGP qui s’est confié ce mercredi 3 janvier à un journaliste de notre réaction, a apporté d’importantes précisions. Selon Mandian Sidibé, il s’agit plutôt d’une mise en congés techniques de trois mois, allant du 1er janvier 2024 au 31 mars 2024, pour le personnel non essentiel. Extrait…
‘’Actuellement, nous sommes 480 travailleurs à l’OGP, dissimulés à travers tout le pays. Avec la catastrophe, nous ne pouvons pas utiliser tout le personnel qui était hébergé au niveau du siège national. La capacité d’accueil des agences de Conakry est très limitée. On ne peut pas envoyer plus de 20 personnes. C’est vrai, on a 11 agences sur toute l’étendue du territoire national. Le hic, c’est que, quand vous demandez à un travailleur d’aller à l’intérieur du pays, c’est un problème.
C’est le Directeur Général qui va t’appeler, un chef de cabinet qui va t’appeler, c’est un Directeur qui va t’appeler, un ministre qui va t’appeler, tel est mon neveu, tel est mon protégé, personne ne veut aller à l’intérieur du pays, alors qu’il y a le potentiel là-bas. Nous sommes en manque cruel de personnels à l’intérieur du pays. A N’Zérékoré par exemple, où on devait avoir plus de 40 personnes, nous n’avons que 5 actuellement. Tout le monde refuse d’y aller, alors que dans les contrats, il est signé que, l’OGP couvre toute l’étendue du territoire national. Jusqu’à Youkounkou, je peux muter là-bas. Donc, il y a un souci, tout le monde est concentré à la Direction Générale.
Je ne me réjouis pas de cette explosion, mais, il fallait profiter de cette occasion, pour que les gens aillent maintenant dans les agences. Parce que la quasi-totalité de ces gens-là au niveau de la Direction Générale ne foutent rien. C’est en fait une dizaine de personnes qui fait le travail de tout le monde. Vous imaginez ? Et, ils sont les premiers encore à aller sur les réseaux sociaux, dans les médias, on n’est pas payés, ça fait trois (3) mois d’arriérés de salaire, c’est ceci, c’est cela. Ils ne foutent rien.
C’est vrai, moi le président de la République m’a instruit de donner du travail aux Guinéens. C’est ce qui a fait que j’ai recruté. Mais si je savais que le déploiement à l’intérieur du pays allait poser problème, j’allais le lui dire. C’est compliqué. Et dès que je vais muter des gens aujourd’hui, c’est des papiers de mariage qu’on va brandir, pour dire qu’on ne peut pas séparer le mari de sa femme, la femme de son mari, donc, c’est un problème. Le syndicat même va se lever. J’ai muté des gens, j’ai eu ce problème. Je souffre beaucoup hein, c’est comme quelqu’un qui pleure sous la pluie, on ne peut distinguer les larmes des gouttes de pluie, c’est ça mon problème aujourd’hui.
Donc, ce problème est tombé, dès que je vais muter, c’est le même scénario, je vais me heurter à des problèmes. Le syndicat va se lever, les personnes elles-mêmes, vont se lever, les travailleurs qui sont en association vont aussi se lever. Ils sont très prompts à se lever pour crier, aller sur les réseaux sociaux, mais pour faire leur travail, non !
C’est pourquoi, j’ai dit ceux dont j’ai besoin pour mener des activités au minima, le service minimum, c’est tout. Bon, comme les autres là sont là matin, midi, soir, ils ne font que monter, descendre, et faire des commérages, c’est une occasion rêvée de les envoyer à l’intérieur. Mais comme ils ne veulent pas aller à l’intérieur, je les mets en congés techniques avec le SMIG. Ils ne sont pas licenciés, je le précise bien, ils ne sont pas du tout licenciés, personne n’est licenciée, même une seule. Mais ceux qui n’ont pas d’activité à mener actuellement, qu’ils se reposent à la maison. Vous voyez l’espace qui est là ? Ça peut contenir 300 personnes ? Même pas ! Donc, ce n’est pas de gaîté de cœur que je les fais asseoir, ou bien par méchanceté.
Il faut trouver les moyens pour les réinstaller actuellement ailleurs. C’est vrai que le Ministère m’a donné des locaux au département de la communication et de l’information, en ville, mais il ne peut prendre qu’au maximum 20 personnes. Alors, il faut attendre que le Ministère déménage au niveau de la RTG Koloma, pour que l’AGP et l’OGP déménagent dans ces locaux. Quand il va déménager ? On ne le sait pas. Et pour le moment, on n’a pas des ressources nous permettant de prendre un immeuble en location, pour mettre tout le monde (…).
Donc, vous voyez la mauvaise foi des gens ? Vous voulez rester à la maison, vous avez votre salaire de base, c’est seulement les primes qu’on a enlevées, et vous voulez qu’on vous paye les mêmes primes que les gens qui se déplacent. Ce n’est pas une injustice ça ? Moi je paye le transport pour venir au boulot, toi tu restes à la maison, tu as le même salaire que moi. Ce n’est pas une injustice ?
Et au même moment, on a écrit à la Banque centrale (BCRG), pour dire : Écoutez, vous ne pouvez pas faire de prélèvements sur les salaires de nos travailleurs, voilà la décision et voilà les raisons. Le CA (Conseil d’administration) a validé ma décision, les deux tutelles sont informées, je me réfère toujours au CA avant de prendre une décision. C’est pour cela j’ai noté dedans : après avoir requis l’avis favorable du CA. La veille de la décision, le PCA (Président du Conseil d’administration) était assis là. Adèle Camara (Chef de cabinet du Ministère de la communication et de l’information, membre du CA) était aussi là. On a discuté, moi j’ai dit Six (6) mois, le PCA a dit non, trois (3) mois. On ne peut pas mettre les gens au chômage pendant tout ce temps. J’ai dit que ce n’est pas du chômage. Il a dit je ne veux rien entendre, trois mois, pas plus. Et il faut te battre, pour qu’après les trois mois, qu’on reprenne les gens. Il a insisté dessus. C’est vrai que je suis en difficulté, mais c’est lui le patron. Je l’ai écouté et c’est ce que j’ai appliqué. Mettez-vous à ma place aussi, quelqu’un qui est assis à la maison, il ne fait rien, il a son salaire de base, lui il dit que non, il faut me payer le salaire complet, qu’il a contracté des prêts, alors qu’on a écrit à la Banque Centrale pour éviter les prélèvements pendant cette période, parce que les gens n’ont que le minimum vital. Ça aussi c’est garantie, ils n’ont aucun prélèvement, ni du côté de la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), ni des cotisations sociales, rien, pendant cette période. Quand on va les reprendre, on va faire un rappel, et nous allons reverser leurs cotisations encore, je dis bien quand l’entreprise va reprendre son élan normal. Où vous voyez la méchanceté ?’’, a longuement expliqué Mandian Sidibé.
Madiou BAH.
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