Quel est le Guinéen qui vit heureux et libre, aujourd’hui, peu importe, son statut dans la République, sa condition et son rang dans la société ? On parle beaucoup en ce moment de l’humeur et de la distance affichées par le chef de l’Etat lors du cérémonial en son honneur avant son départ pour la Chine. Il aurait ignoré et snobé, royalement, des collaborateurs qui ne seraient plus d’agréable et bonne compagnie et ne feraient plus son affaire. Si le Général peut se permettre de s’épancher, en ne craignant rien, faire la moue comme bon lui semble, on ne peut en dire autant de ses collaborateurs qui s’efforcent, chacun à dire de lui tout le bien du monde, s’obligent tous à ne voir aucun défaut chez l’homme. Pour ces serviteurs qui ont préféré le zéle excessif du courtisan à la loyauté bienveillante du bon compagnon, le chef a toujours raison, même lorsqu’il a tort, ne dit et ne fait rien, par hasard, même s’il se veut vrai et naturel. C’est peut-être là où le bât blesse: un officier carré, sorti du moule de l’Armee, formé pour obéir et commander qui, maintenant, ne doit plus que commander face à un pays qui peut se soumettre mais ne sait pas obéir, au milieu d’hommes et de femmes, feignant de respecter à la lettre les ordres et les instructions qu’ils reçoivent, en réalité, ivres de leurs privilèges. Tous sont portés à abuser de la confiance et à éprouver la patience du Général retiré dans son palais. Dans la tête des uns et des autres, c’est chacun pour soi, le Chef peut continuer à espérer, le pays attendra.
Pour donner le change et tirer sur la corde sensible du Prince afin de le distraire de la réalité et le maintenir dans les illusions, on se fait son incorupptible avocat et se fait passer pour son rempart le plus sûr. On se donne la mission sacrée de trouver des raisons et des explications à toutes les situations. On ne tarit pas d’excuses ni ne se montre avare de compliments, en fonction, des circonstances.
Ailleurs, l’exercice peut-être compliqué, parce que les gens n’ont pas appris à dire et à défendre ce qui n’est pas fondé ni vrai, ne sont pas doués non plus pour le double langage de l’hypocrisie et de la basse flatterie. Mais, dans notre pays, si perméable à tous les travers, un paradis pour tous les faussaires et pêcheurs en eaux troubles, on n’a que l’embarras du choix, tant l’on rivalise de talent dans la démagogie et l’esprit de cour. On ne compte plus les caméléons et girouettes, rompus dans l’art de la comédie et de la parodie, de la dissimulation et du baratinage, des louanges et du mercantilisme. Chacun fait ce qu’il peut pour survivre, se montre comme il est , “chassez le naturel, il revient au galop”, en priant et croisant tous les doigts que la majorité soit toujours du bon côté de l’histoire et ne cède jamais tapages d’une minorité arrogante et agressive, bornée, pour laquelle, seul l’instant compte, le puissant du jour a droit de cité. Napoléon, avait confié : “on gouverne mieux les hommes par leurs vices que par leurs vertus”. Si les hommes, eux-mêmes, renoncent à la vertu cardinale pour les nombreuses obsessions des vices, alors, le régnant d’un moment dans un temps infini, n’a plus d’efforts à fournir pour corrompre et rallier, chacun, tombé déjà sous ses pieds. On se tient debout avec la vertu et la morale tandis que le vice nous plie en quatre et laisse à la merci des autres.
Le Général, a-t-il fini par comprendre que ses pires ennemis sont à ses pieds et dans son entourage proche et lointain ? Voit-il, enfin , ce que l’opinion n’arrête pas de marteler, à savoir, qu’il s’est encombré de collaborateurs qui pour la plupart n’ont pas “de science ni conscience”, rejoints, maintenant, par des soutiens bruyants de tous les régimes sans base ni crédibilité ?
Ne serait-ce pas l’explication à une certaine ruine du régime actuel ? La déception très visible du Général qui fait écho dans l’opinion est peut-être une des raisons de sa retraite momentanée et de sa solitude évoquée, en attendant, qu’il ne puisse se libérer du poids des pestiférés pour répondre aux espérances, des débuts et des premières fortes annonces. La toile d’araignée tissée autour de lui, résiste, certes, mais ne tiendra pas face aux impératifs du temps, aux obligations de l’Etat et aux aspirations populaires .
Bon dimanche à tous, après la pluie, le beau temps !
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