Les Forces Vives, ont repris, à un moment où elles avaient l’air en hibernation, le chemin scarpé, parsemé d’embûches, de la lutte citoyenne et démocratique. Elles se résolvent, enfin, à résister et s’opposer, après avoir tenté, en vain, contre vents et marrées, d’obtenir un véritable dialogue avec les autorités de la transition. Celles-ci, sûres de leur fait, flirtant avec l’excès de confiance, ont estimé que l’ancienne opposition au professeur Alpha Condé, ne pèse plus lourd, n’a rien à offrir, n’inspire plus grande crainte comme par le passé. Bref, les temps ont changé, un nouvel ordre a été établi. Il n’y a plus maintenant qu’un maître à bord, le seul CNRD. L’entité militaire greffée de civils pour la plupart inconnus au bataillon, est d’autant fondé à croire à cela , qu’il n’a plus personne en face pour l’ébranler, le faire douter, pour le contraindre à modifier ses projets ou revisiter son agenda. Tout ce qu’il a entrepris avec témérité et obstination pour tuer dans l’œuf toute velléité de le freiner dans son élan lui a réussi, au-delà de ses propres espérances. Le très redoutable Alpha Condé, écarté du pouvoir et maintenu en exil, le trés menaçant Cellou Dalein Diallo, Président de l’UFDG, déguerpi de chez lui, avec une facilité déconcertante, maintenant, forcé de vivre loin de sa terre natale sans qu’il n’y ait un soulèvement de ses troupes comme on a pu le craindre, le très rusé Sidya Touré, Président de L’UFR, vidé de sa résidence, sans que personne ne s’en emeuve, outre mesure, assigné désormais en Côte d’Ivoire, son second pays, le très remuant Kassory Fofana, ancien Premier ministre, président du directoire provisoire du parti historique, le RPG, incarcéré depuis de longs mois, sans que personne ne bouge le petit doigt parmi ses nombreux soutiens, toutes grandes gueules du pays, réduites au silence ou forcées à la clandestinité, des dignitaires influents bannis du débat, exclus de la vie nationale, en toute tranquillité, les médias leaders du pays fermés, hermétiquement, dans une quasi-indifference, d’autres coups de théâtre, l’organe militaire, a franchi tous les rubicons, briser tous les tabous, secouer tous les symboles sans coup férir.
Après tout cela, qui peut demander de l’humilité aux dirigeants et les convaincre qu’ils ont intérêt à changer de cap ? Que, gagnent-ils à changer une méthode qui ratisse large et leur fait place net dans un paysage où on ne voit et n’entend plus qu’eux asséner leurs vérités, imposer leur cadence et soumettre à leurs desiderata ?
Le pays a l’air résigné devant le fait accompli, les leaders d’opinion et acteurs des forces vives donnent tous l’impression d’être sonnés par la tournure des événements, au mieux, accomodants, si non couchés devant la puissance militaire. C’est peut-être le sentiment du pouvoir de transition d’avoir tout réussi, de n’avoir plus à rien perdre qui suscite la réaction d’orgueil et ravive l’instinct de survie des forces démocratiques et républicaines. On est à un tournant critique et décisif pour tous : soit les militaires s’implantent et perdurent, arrivent à imposer leur loi et leur volonté, pour de bon, soit la rue les arrête et inverse une tendance à eux trop favorable, jusqu’à maintenant. C’est l’enjeu des jours à venir. Pour reprendre, une formule populaire, dans l’épreuve de force désormais engagée, “un va tomber”. On verra bien, lequel ?
La rédaction.