Dans la commune urbaine de Kankan, ils sont pour la plupart des élèves, étudiants et même des diplômés issus des différentes universités du pays, qui exercent cette activité de motos-taxis pour joindre les deux bouts. Entre la police routière et le syndicat, ces jeunes débrouillards sont confrontés à d’énormes difficultés auxquelles ils font face en longueur de la journée.
Certains parmi eux qui ont accepté de se confier à notre correspondant régional, estiment que les conditions de travail deviennent du jour au jour insupportables, surtout en cette période des grandes pluies. Comme l’explique ce jeune étudiant diplômé de l’université Julius Nyéréré de Kankan.
‘’Après l’obtention de mon diplôme universitaire, je me suis lancé dans la conduite de moto-taxi, pour pouvoir subvenir à mes besoins. Mais dans ça aussi, nous rencontrons assez de difficultés, surtout en cette période hivernale, dû à plusieurs facteurs. Nous sommes au mois d’août et il pleut abondamment, il y’a trop de boues sur la plupart des tronçons de la ville. Le deuxième facteur, c’est l’arrêt des mines d’or, ils ont suspendu les exploitations artisanales de l’or. Donc, tout le monde s’est tourné vers le moto-taxi. Et puis, les élèves qui sont venus nous encombrer pendant cette période de vacances à la recherche des fournitures scolaires. Il faut regarder ici, c’est bourré de conducteurs de motos-taxis, même pour avoir 50 000 GNF par jour, c’est tout a fait des problèmes et quand on enlève encore le prix du carburant dans ça, qu’est ce qui rentrera avec toi à la maison? Rien. Donc, il y’a plus de conducteurs que de clients et avec ça, on ne gagne presque plus rien et on paye 15 000 GNF chaque fin de mois comme taxe. Avec tout ça aussi, la police nous fatigue dans la circulation’’, a déploré Mamady Condé.
Même avec ce manque de clients, le syndicat des transporteurs des motos-taxis a élevé la taxe mensuelle de 15 000 à 25 000 GNF. Une décision que contestent les jeunes conducteurs. C’est le cas d’Ousmane Gnangadou, étudiant au département Philosophie à l’université de Kankan.
‘’Le syndicat nous a imposé le paiement d’une taxe qu’on ne peut pas payer pour le moment. Et vu la conjoncture du pays, il y a tellement de chômage. Et il n’y a pas autre chose vers laquelle les jeunes doivent s’orienter pour subvenir à leurs besoins. C’est cette activité de moto-taxi qui permet à beaucoup de personnes de tenir leurs familles. Mais les syndicats qui sont censés assister et protéger ces conducteurs là, en mettant de l’ordre, se mettent à fatiguer ces jeunes en augmentant la taxe. Surtout à un moment où on ne gagne presque rien. C’est dommage, et on prévoit même d’aller en grève comme ça, parce qu’ils ne nous défendent pas contre la police et on ne fait que payer la taxe à chaque fin de mois. Ce sont eux qui sont là à faire des désordres ici. Sur ce, d’interpelle la commune sur cette situation, parce qu’ils disent que c’est décision de la mairie. Sinon, ça risque de déborder un jour’’, a-t-il interpellé.
De son côté, Mamadou Samba Diallo, lui accuse les agents de la police routière de ne pas respecter les conducteurs de motos-taxis, même quand ils sont en gilets.
‘’Les agissements des policiers c’est le pire, on en parle même dans cette situation. Quand ceux-ci te voient, la première chose qu’ils cherchent à faire, c’est de retirer la clé de ta moto même quand tu es dans les normes, et ils te disent de payer des sommes colossales allant de 50 000 GNF à 150 000 GNF, comme si nous sommes des voyageurs. Et cela se passe au vue et au su des syndicats, personne n’intervient. En tout cas, cela nous fatigue. Ce que tu ne gagnes pas dans la journée, si on te demande de payer ça, parce qu’ils sont en tenue, c’est vraiment déplorable’’, a-t-il accusé.
Depuis Kankan, Fassou CAMARA, pour Lerevelateur224.com.
(+224) 628 950 275