N’y aurait- il plus de limites ni interdits pour le Général d’opérette Tiani qui règne sur le Niger sans partage, ni vergogne?
Si un autre a proclamé que l’Etat, c’est lui, le Général Tiani depuis qu’il s’est accaparé du Niger, par la force et dans la violence, considère que le pays c’est lui et que désormais il a droit de vie et de mort sur ses concitoyens, soumis à sa loi unique et inique, qu’il a l’intention de mettre au pas. Il fait ce qu’il veut, quand il veut, comme bon lui semble, n’ayant de comptes à rendre à personne, de limites que celles que lui-même se fixe et determine, librement.
Dans un tel contexte d’absolutisme, d’exercice solitaire du pouvoir, personne n’est en sécurité, ne peut disposer de liberté, ne peut prétendre à un droit, si le régent ne l’a pas décrété et autorisé, auparavant. La dernière actualité judiciaire du Niger, très cocasse, pour ceux qui en douteraient encore, édifie davantage sur la suprématie du Général Tiani sur la République, ses lois et ses institutions.
Le 27 mai 2024, le juge d’instruction du tribunal militaire avait rejeté les demandes de mise en liberté provisoire introduites en faveur des personnalités civiles et militaires, retenues en otage par la junte nigerienne après sa forfaiture du 26 juillet 2023.
Les infortunés qui n’entendent pas plier devant la dictature ont exercé leur droit de faire appel contre l’ordonnance à eux défavorable. Bien leur en a pris: la chambre de contrôle d’instruction du tribunal militaire, de second degré de juridiction, après avoir pris tout son temps, pour examiner toutes les pièces versées dans chaque dossier, en son âme et conscience a délibéré, finalement, le lundi 29 juillet 2024. Les juges d’appel qui n’ont voulu obéir qu’à la loi et suivre leur intime conviction ont pris la décision responsable d’accorder la liberté provisoire à quatre anciens ministres, à savoir, Ibrahim yacouba de l’Énergie, Ahmed Djidoud des Finances, Hama souley de l’intérieur et Rabiou Abdou du plan.
Dans l’ordonnancement juridique nigerien, l’ordonnance des juges est immédiatement exécutoire. A ce stade, il ne peut y avoir qu’ un pourvoi en cassation qui n’a pas d’effet suspensif sur les décisions prononcées, en appel. D’ailleurs, en matière de liberté provisoire, comme dans cette circonstance, les pourvois en cassation ne sont pas recevables, si l’on s’en tient strictement au Droit.
Seulement, le Général Tiani et la junte qu’il dirige ont décidé de faire du Niger un noman’s land, un Etat voyou, une jungle où c’est “la loi du plus fort qui est la meilleure”. Aussi, entravent-ils, la bonne administration de la justice ramenée à leur dimension et réduite à subir leurs humeurs et sautes d’humeur.
La justice ordonne, ils ne s’exécutent pas, au contraire, font savoir que leur volonté passe avant tout et reste la boussole dans le pays. Il appartient à la famille judiciaire, comme les magistrats en avaient donné le ton, de refuser la remise en cause de droits et de libertés, chèrement acquis, et à tout le Niger de s’opposer à un ordre sauvage et à la politique de la baillonette. Il y va de la survie de chacun, aujourd’hui, menacée et du destin du pays, sous hypothèque, à cause de l’aventurisme et de la délinquance au sommet de l’Etat.
Rien ne semble pouvoir arrêter le Général Tiani et sa bande de malfaiteurs dans leur projet d’asujetissement du Niger, de spoliation des droits reconnus et des libertés inaliénables.
Alors qu’on n’a pas fini de s’indigner qu’un sinistre individu, hors-la-loi, parce qu’il détient des armes, et jouit d’un pouvoir mal acquis se permette de défier le pouvoir judiciaire, voilà que d’autres actes de défiance de nature liberticide sont posés par lui encore. De nombreuses personnalités, affiliées au régime renversé, réputées proches, du Président légitime du Niger, Mohamed Bazoum, viennent d’être arrêtées. Parmi elles, l’ancien directeur de la Nigelec, Khalid Alassane, celui de la Sonidep, Ibrahim Mamane. Si l’on peut subodorer que ces nouvelles victimes d’une junte militaire engagée dans une répression sauvage, payent pour leur proximité avérée avec l’ancien président auquel ils tiennent encore en hommes d’honneur, quant à Boubacar Sabo, administrateur de l’Assemblée nationale, arrêté aussi, il est puni pour avoir renouvelé dans un Tweet son amitié, sa fidélité, son affection et sa solidarité au Président Bazoum dans ce moment difficile de sa vie et de sa carrière politique.
Membres du bureau politique du Pnds tarayya, l’ancien parti au pouvoir, ministres sortants, proches et amis du Président Mohamed Bazoum qui ne s’avoue toujours pas vaincu, toutes les personnalités qui ont servi à différentes fonctions dans l’administration publique ou l’appareil d’Etat avant l’avènement des rustres au pouvoir, restées égales à elles-mêmes, dignes et constantes, sont persécutées , harcelées et emprisonnées.
Une campagne d’épuration politique ainsi qu’une chasse aux sorcières qui montrent la fébrilité d’un régime illégal, la panique qui s’est emparée de dirigeants illégitimes qui sont venus avec” la violence de l’éclair et partiront à la vitesse du vent.” C’est un scénario écrit et joué d’avance.
Quoi qu’ils fassent, les putschistes, ils brûleront dans le feu qu’ils ont allumé, surtout qu’ils n’arrêtent pas de souffler sur des braises ardentes.
Samir Moussa