Le CNRD est bien malin en jouant à faire peur et semble croire en la campagne d’intimidation comme arme pour combattre ses opposants. Il est d’autant fondé à persévérer dans la dissuasion à titre préventif ou à recourir au besoin au bâton qu’il a pu neutraliser par ses moyens une flopée d’acteurs jugés menaçants ou trop récalcitrants, à son goût. Ainsi, les leaders politiques les plus suivis ou populaires sont emprisonnés, menacés d’être poursuivis ou contraints à un exil forcé. Les grandes figures de la société civile sont boutées hors du pays ou confinées à domicile. Les icônes médiatiques sont au mieux confrontées à des mesures de rétorsion, au pire, réduites au silence total. Bref, tout ce qui paraissait hors de portée d’un régime des temps nouveaux a été réussi par le CNRD, pour l’instant, sans inconvénients majeurs ni véritable riposte. Alors, pourquoi, changer de fusil d’épaule, se compliquer la vie dans des exercices tortueux de dialogue, des efforts ennuyants de compromis aléatoires qui demandent des talents extraordinaires, de la patience à toute épreuve. Et, pourtant, c’est quand tout semble aller le mieux qu’il faudrait le plus faire attention car on ne sait jamais d’où, de qui peut venir le malheur. La chute du Professeur Alpha Condé est arrivée au moment où il était convaincu d’avoir pris le dessus sur tout le monde et donc se sentait invulnérable. L’artisan d’un revers de fortune mémorable n’est autre que l’un de ses hommes de confiance et soutiens redoutables. Rien ne presageait de cela à un moment où tout était rentré en ordre après des coups de semonce. On était passé du cran d’une lutte acharnée au stade d’une colère sourde et d’une révolte latente avant la déflagration.
Aujourd’hui, la grogne monte dans le pays contre un pouvoir qui croit qu’il est maintenant implanté et pêche de n’avoir personne ni aucune force en face susceptible de le contrer et rappeler à l’ordre. Jusqu’à quand ? Serait-ce qu’une apparence trompeuse, nul n’étant invincible ?
Les mêmes causes produisent les mêmes effets et l’histoire se répète plus souvent qu’on ne l’imagine surtout si l’on en tire aucune leçon ni la sagesse qu’il faut.
Thierno Hassan Sakho