Dans une lettre en date du 27 septembre dernier, adressée à la secrétaire générale de la francophonie, les avocats français du front national pour la défense de la constitution (FNDC), -mouvement citoyen dissous par les autorités de la transition guinéenne-, ont contesté la décision levant la suspension de la Guinée au sein de l’organisation (OIF).
Les avocats William BOURDON, Bertrand REPOLT et Vincent BRENGARTH ont interpellé la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, suite à la levée de la suspension de la République de Guinée au sein de la Francophonie.
‘’Madame la Secrétaire générale, nous avons l’honneur de vous écrire en qualité de Conseils du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC). Depuis plusieurs années, nous accompagnons activement le FNDC dans le cadre des initiatives prises pour permettre que les violations des droits humains cessent en Guinée et puissent faire l’objet d’une judiciarisation. Nous observons plus généralement avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation sur place dans le respect de ces mêmes droits.
Nous avons pris connaissance avec sidération de la décision de mettre un terme à la suspension de la République de Guinée de la Francophonie prononcée en 2021. Il s’agit d’une décision forte, puisqu’elle doit permettre aux autorités guinéennes de participer au Sommet de la Francophonie, prévu en France les 4-5 octobre prochains. C’est pour le FNDC totalement impensable, tant il existe un fossé abyssal entre la situation sur place et les motifs de cette décision qui offre une forme de réhabilitation indue’’, ont-il dénoncé.
Pour les conseils du FNDC, cette décision ne trouve aucunement à s’expliquer au regard de l’intensité des violations des droits humains en Guinée. ‘’Personne ne pouvait s’attendre à une telle décision qui suggère une évolution favorable de la situation politique en Guinée. Aucune circonstance nouvelle n’est pourtant de nature à la justifier, alors que le pays s’enlise dans une dérive autoritaire totale. Cette décision est également profondément révoltante, car elle s’assimile à une forme de récompense face à une suspension légitime qui a duré plusieurs années. Or, nous ne voyons aucun indicateur de rétablissement de l’ordre constitutionnel et du respect des droits et libertés en Guinée. Cette suspension est à l’envers de ce à quoi nous assistons’’.
Mieux, les avocats William BOURDON, Bertrand REPOLT et Vincent BRENGARTH rappellent que cette décision intervient après la disparition de deux membres du FNDC le 9 juillet dernier, à savoir Foniké MENGUE et Billo BAH.
‘’Selon la belle-sœur du coordinateur national du FNDC Oumar SYLLA et les témoignages recueillis, un contingent d’éléments mixte des Forces Spéciales (FS) et du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) ont pris d’assaut le domicile de Monsieur Foniké MENGUE avec un déchaînement de violence inouï. Présents lors de cet assaut, Messieurs Foniké MENGUE et Billo BAH y ont été interpellés par les forces gouvernementales.
Pourtant, à notre plus grande stupéfaction, le parquet général près la cour d’appel de Conakry soutient dans un communiqué qu’aucun organe d’enquête n’a procédé à aucune interpellation. Il est peu dire que la lecture de ce communiqué a glacé le sang de ceux que nous défendons depuis maintenant plusieurs années, car il vient renforcer les inquiétudes très légitimes des familles. Cette situation est gravissime, car cela signifie qu’il est pour l’heure impossible d’avoir des nouvelles des personnes arrêtées.
Les nouvelles récentes plus globales qui nous parviennent, notamment relatives à la découverte du corps du colonel Célestin Bilivogui, disparu depuis près d’un an après son arrestation par des gendarmes, nous font au contraire craindre le pire. Il est impensable que, dans ce contexte, une décision aussi favorable intervienne. Elle est à l’opposé de la réalité sur place. Nous déplorons plus généralement ces disparitions à la lumière des multiples alertes déjà exprimées par le passé. Ces disparitions s’inscrivent dans le cadre de violations très graves aux droits de l’Homme en Guinée et que vous n’êtes pas sans ignorer’’, ont-il fait observer.
Merci de lire l’intégralité de cette lettre ci-dessous…
Contestation de la levée de la suspension de la République de Guinée de la Francophonie
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