Tous les chemins, mènent à Rome, a-t-on coutume de dire. Les forces vives, constituées des partis politiques les plus représentatifs du pays, le RPG, l’UFDG, l’UFR, à ce jour, totalisent à eux seuls 96% au moins de l’électorat, et d’organisations de la société civile, dignes de ce nom, sont vent debout contre la junte. Les différentes composantes dans toute leur diversité et malgré quelques contradictions inhérentes à tout regroupement de toute nature, accordent leurs violons sur l’essentiel: le retour incontournable à l’ordre constitutionnel et le départ inconditionnel du pouvoir des militaires. Sur ces deux questions centrales, il n’y a pas l’ombre d’une divergence ni de querelles byzantines. Maintenant, chacun a son ton propre, tous ont leurs méthodes et stratégies, même s’il y a une volonté partagée de fédérer les énergies et de regarder dans la même direction. Les différents protagonistes se retrouvent dans un creuset d’unité et de solidarité, mais, rien n’empêche personne, si nécessaire d’engager son parti ou d’user de son autonomie. L’alliance n’a aucun caractère servile et ne signifie pas l’unanimisme.
A propos de l’avant-projet de constitution, tout le monde est unanime que le CNT est passé à côté, triche avec les engagements solennels pris par le CNRD devant Dieu et le peuple et feint d’ignorer les dispositions intangibles de la transition qui interdisent à tous ceux qui sont aux affaires, en ce moment, de faire acte de candidature à toutes les élections à venir, qu’elles soient locales, législatives, présidentielles. Cependant, si certains, en âme et conscience, estiment qu’il faut se tenir très loin d’un débat biaisé à l’avance, d’un projet taillé sur mesure, d’autres, considèrent en revanche, après réflexion, qu’il y a lieu de se prononcer, de faire connaître son avis, ses remarques, ses réserves pour l’histoire, pour prendre aussi l’opinion nationale et internationale à témoin, dans le dialogue de sourds, en perspective d’une confrontation inéluctable. Car chacun sait que tout est écrit et décidé à l’avance et que les consultations engagées ne sont que de pure formalité, de la poudre aux yeux. Le Président du CNT, se trompe de croire que les prises de position d’acteurs majeurs contre son projet clivant sont des contributions diverses comme d’autres ou une caution de participation et de légitimité. Il a sa démarche, à lui, les forces vives dont la mobilisation grandiose, hier, à New-York marquent le début d’un vaste mouvement de protestation et d’opposition résolue contre la junte ont leurs stratégies, leur calendrier et leurs objectifs. Elles ne sont pas résignées et ne se sentent guère défaites. Elles affûtent leurs armes pour se lancer dans un corps à corps avec la junte qui déterminera l’avenir du pays et situera chacun sur son sort. Il ne faut pas se fier aux apparences toujours trompeuses ni tomber dans l’excès de confiance qui est le lot commun des dirigeants actuels. Il faut à la fois se méfier de ” l’eau qui dort” , du peuple qui grogne en silence, d’acteurs qui semblent ronger leurs freins. L’histoire est trop récente pour l’oublier et ne pas s’en inspirer.
Qui vivra, verra.
Thierno Hassan Sakho