Le Président de l’UFDG, réputé réservé et pudique, connu pour sa placidité instinctive, vient de sortir comme rarement de ses gongs. Loin de s’apitoyer sur le sort injuste qui lui est infligé par la junte au pouvoir, de se « victimiser » comme le diraient ses détracteurs, il bat le rappel des troupes pour conduire en véritable Général, la résistance dont l’heure a sonné dans un pays qui depuis toujours aspire à la démocratie mais continue de vivre dans la hantise de la dictature sourde et aveugle.
Cellou Dalein Diallo qui semblait se faire oublier, se montrait discret ces derniers temps comme s’il avait reculé face à la suprématie apparente du pouvoir militaire ou avait cédé au découragement après toutes ses déconvenues, vient de réussir sa rentrée politique dans une interview à Rfi qui fera date.
Le ton a changé, la posture est différente chez un homme qui a l’habitude des concessions et propage la religion du dialogue. Le Président de l’UFDG a décidé, en désespoir de cause, n’ayant aucune autre alternative, de s’engager dans l’épreuve de force qu’on lui oppose, avec le courage de la révolte et la détermination d’une lutte pour la survie. El hadj Cellou Dalein Diallo, homme à abattre pour chaque régime qui veut perdurer et tout Président vissé à son fauteuil, réalise la mort dans l’âme que toute faiblesse de sa part par ces temps qui courent lui sera fatale, la moindre hésitation lui coûtera cher. Si lui croit faire preuve de sagesse, en faisant le dos rond, la junte profite de son silence et de sa patience pour lui asséner de violents coups. Ses adversaires, eux, s’appuient sur sa courtoisie et sa politesse légendaires pour essayer de marcher sur lui. Il envoie maintenant et à temps à tous le signal d’une fin de récréation qui marque le début d’un sursaut d’orgueil attendu depuis longtemps pour briser l’image d’Épinal d’un politique timoré et policé, d’un homme accommodant et pacifiste. Cellou qui a brillé dans sa longue carrière de technocrate avant de basculer dans la vie politique tumultueuse, continue de faire ses armes en attendant de vaincre le signe indien des défaites décidées en dehors des urnes, contre la volonté des électeurs. Il joue à quitte ou double en une phase critique de son engagement public à cause du temps qui le talonne, des vents contraires qu’il faudra affronter pour enfin triompher en prenant la tête du pays.
– Le souci de la cohérence…
Cellou Dalein Diallo s’est honoré en affirmant haut et fort qu’il ne peut abandonner, seuls, les Guinéens, dans le combat que lui-même prône et exhorte à mener. Il sera à leurs côtés à ses risques et périls comme il n’entend pas demeurer en exil, quoi qu’il en coûte, décidé à regagner son pays où l’attend un peuple dont il est l’espoir et constitue l’unique recours aujourd’hui face à l’oppression.
– La solidarité avec toutes les victimes…
Contrairement à d’autres comme le Président de l’UFR, Sidya Touré, Cellou Dalein Diallo, empathique, ne souhaite pas malheur à ses adversaires politiques et à ses pires ennemis, ni n’est disposé à cautionner, pour des raisons obscures, les cabales et les injustices dont ils pourraient être victimes.
– Le soutien à la presse…
Le Président de l’UFDG est le seul leader politique qui, depuis que les médias phares du pays, ont été fermés, ” fait du bruit” pour qu’ils soient rétablis dans leurs droits en profitant de chaque occasion qui lui est offerte pour s’indigner, dénoncer l’ostracisme qui les frappe et en voie de les anéantir tous.
– L’ incompréhension face à la démission de la communauté internationale…
L’ancien Premier ministre constate avec un certain regret sans l’intention d’accabler pour autant que l’occident abandonne ses valeurs pour ses intérêts, est plus préoccupé aujourd’hui par les guerres d’influence qui l’opposent à d’autres qu’il ne se soucie de peuples en danger et de partenaires dans le besoin.
-La justice, mais …
Victime notoire des événements tragiques du 28 septembre 2009, Cellou Dalein Diallo se réjouit qu’un procès se tienne enfin dans ce cadre, mais, met en garde contre « l’instrumentalisation » de la justice très fréquente, sous l’ère CNRD, ces derniers temps à des fins politiques à l’image de la très controversée cour de répression des infractions économiques et financières, CRIEF, destinée à neutraliser des acteurs politiques prétendument hostiles à la junte ou jugés trop ambitieux et enquiquineurs.
Le Président de l’UFDG qui croit en la présomption d’innocence ne veut juger ni condamner personne à la place de la justice comme d’autres s’empressent de le faire sous l’emprise de la passion et dans l’esprit de régler des comptes.
– La rupture avec la junte…
Cellou Dalein qui répugne la manipulation et ne connaît pas les travers de la politique, honnête et sincère, a reconnu avoir eu un échange de l’étranger avec le Général Doumbouya à la faveur d’une médiation externe en se gardant bien, par souci de discrétion et par élégance aussi de s’épancher longuement sur le sujet.
Mais, il apparaît clairement qu’il n’en est rien sorti de potable et que le point de non retour semble atteint dans une impossible cohabitation, malgré la bonne foi de l’un et à cause de la volonté affichée de l’autre de balayer et écraser tout le monde sur son passage afin d’être seul maître à bord.
Le Président de l’UFDG, un homme doux en passe de se transformer en un radical, n’est pas dans la disposition d’esprit de plier ni de rompre devant un pouvoir qu’il a soutenu pour ses premiers discours, combat pour ses actes. Cellou Dalein Diallo a déclaré qu’il n’a de préjugés encore moins de rancœurs à l’encontre d’aucun acteur. Il ne fait pas non plus de procès en sorcellerie contre qui que ce soit mais reste ferme dans ses convictions et vigilant sur le respect des engagements de chacun et la restauration de la Démocratie et de l’Etat de Droit. A ce propos, il a rappelé que le drame du 28 septembre 2009 est la conséquence du parjure et de la trahison du peuple.
En somme, la revanche des vaincus en apparence qui ont terrassé, les présumés forts dans le duel qu’il y a eu, que beaucoup redoutent, une nouvelle fois, les mêmes causes, produisant les mêmes effets partout et à toutes les époques.
Le vent peut bien tourner encore en faveur de l’UFDG et de son président et des forces vives, en général, maintenant que l’agenda est clair autant que les intentions, car comme l’enseigne Sénèque : “il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va”.
Thierno Hassan Sakho.