En Guinée, sept (7) mois seulement nous séparent de la fin de la transition, prévue le 31 décembre 2024, selon l’accord dynamique liant le pays à la Communauté Économique des Etats de l’Afrique et l’Ouest (CEDEAO). Sauf que, à date, aucun acte tangible n’est posé pour conduire les Guinéens vers le retour à l’ordre constitutionnel. Une situation qui plonge le pays dans l’incertitude, alors qu’un dialogue de sourd s’est installé entre les autorités de la transition et la classe politique.
Sa nomination en tant que Premier ministre, chef du Gouvernement de transition, a pourtant suscité de l’espoir chez certains acteurs, notamment à cause de sa parfaite maîtrise de l’histoire politique du pays, mais aussi, son ancienneté. Plusieurs semaines après, la posture d’Amadou Oury Bah semble inquiéter la classe politique. En tout cas, c’est ce qu’a laissé comprendre Dr. Edouard Zoutomou Kpoghomou, un des leaders de l’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (ANAD), dans un entretien qu’il a accordé à notre rédaction ce jeudi 9 mai 2024.
Dans cette première partie de l’interview qu’il a bien voulu accorder à notre rédaction, Dr. Edouard Zoutomou Kpogoumou parle sans ambages du dialogue de sourd qui s’est installé entre le CNRD, son Gouvernement et la classe politique.
‘’Nous pensons que la balle se trouve effectivement dans le camp du Premier ministre. Lorsqu’il a été nommé, nous nous sommes attendus à ce qu’il y ait une sorte de décrispation de l’atmosphère, et que le Premier ministre viendrait justement prendre contact avec toutes les formations et essayer de les inviter autour d’une table, encore une fois, pour qu’on redéfinisse les priorités de la transition. Parce que le chronogramme tel qu’il avait été donné en 10 points, est étalé sur une période de 24 mois, était un chronogramme irréaliste. Nous l’avions dit depuis très longtemps.
Alors, c’était pour nous le temps, surtout que, au vu de cette nécessité de pouvoir finir au 31 décembre 2024, rien n’était fait par rapport aux 10 points qui se trouvent dans le chronogramme, surtout quand on y éjecte un RAVEC et le RGPH4 qui n’ont absolument rien à voir avec la conduite de la transition. Tout le monde sait cela. Au lieu de venir pour entretenir la classe politique, pour qu’on redéfinisse le cadre, tel que la CEDEAO l’a demandé, on nous a concoctés quelque chose, comme s’il fallait venir accepter d’abord cette insinuation là, qui était d’une façon très habile de pouvoir tâter le terrain, pour savoir ce que les uns et les autres allaient dire, pour parler du glissement de calendrier, alors que ce n’était pas ça le but. Le but recherché, c’était de se réunir autour d’un programme, qui pouvait nous permettre de terminer cette transition. Mais je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui pour le premier ministre’’, analyse cet allié de Cellou Dalein Diallo.
Pour le leader du parti UDRP, sa coalition ne ferme nullement la porte aux autorités de la transition, sur la question d’un dialogue bien structuré, bien-sûr, pouvant conduire au retour à l’ordre constitutionnel.
‘’Quand on nous invite demain à redéfinir le cadre de dialogue, un cadre inclusif, où on va éliminer tout ce qui n’est pas nécessaire à la conduite de la transition, nous sommes pour ça, même si on envoie le communiqué ce soir, demain ils trouveront des gens’’, assure M. Kpogoumou, qui remet en cause la sincérité du locataire du petit palais de la colombe.
‘’Le premier ministre Bah Oury ne nous rassure pas, parce que Bah Oury est l’extension du CNRD, c’est la branche civile du CNRD. Depuis l’avènement du CNRD, M. Bah Oury a été en copinage avec toutes les décisions du CNRD, bonne, mauvaise et j’en passe. Alors, si on vient pour résoudre un problème dans l’intérêt général de la population, dans l’intérêt national, on n’a pas besoin de s’aligner derrière des gens, surtout dans une démocratie. Comme on le dit, acceptez qu’on dise qu’on n’est pas d’accord. Parce que le pays appartient à tout le monde. Le pays ne vous appartient pas à vous seul.
Mais si vous pensez que c’est vous seulement qui pouvez régler les problèmes du pays, bon, vous allez le faire, on va vous laisser faire, vous verrez le résultat. Ce qui reste clair et certain, c’est que M. Bah Oury n’a pas réussi à rassurer tous les acteurs, toutes les formations politiques. Sinon, même ceux qui étaient avec eux dans le cadre du dialogue, n’allaient pas se rétracter et venir dans l’Union Sacrée. Parce que dans tout ça, c’est nous qui avons adopté la position de constance, et c’est la position de la vérité, la plus logique. Maintenant que nous sommes là, on va voir ce que ça va donner’’, a-t-il asséné.
Madiou BAH.
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