Un mois après son installation à la tête du parquet du tribunal de première instance de Kissidougou, c’est finalement ce lundi 26 février 2024, que le Procureur Mohamed Bama Camara a choisi pour conférer avec les officiers de police judiciaire relevant de sa juridiction. Cette rencontre de 6 heures d’horloge qui s’est tenue dans la salle des audiences dudit tribunal, a également connu la participation de l’ensemble des chefs d’unités, du président de la commission judiciaire de la commune urbaine et des hommes de médias.
C’est dans le souci de qualifier le travail de ces officiers de police judiciaire, maillon fort du système judiciaire, que cette rencontre d’échanges a été organisée. Devant ce parterre d’officiers, le chef du parquet n’est pas passé par le dos de la cuillère. Il a pour la circonstance sonné la fin des vieilles habitudes et des pratiques peu catholiques dans son secteur.
Dans la même lancée, le procureur a pointé du doigt plusieurs manquements qu’il a dû constater depuis sa prise de fonction dont entre autres, le déferrement tardif des procès-verbaux parfois sans scellés ni les mis en cause, la personnalisation des dossiers, les convocations payantes, la concussion et surtout, les problématiques liées à la garde à vue. Également, au cours de sa communication, le procureur a défini clairement les rôles des officiers de police judiciaire et s’est montré plus soucieux des droits des personnes en conflit avec la loi.
‘’Le rôle des OPJ se résume en trois verbes, à savoir : rechercher, auditionner et déférer. Aujourd’hui, il est regrettable de constater que chacun veut se substituer en OPJ. C’est pourquoi, je vais insister là-dessus, que désormais, aucun citoyen ne doit passer devant la CMIS ou les escadrons pour porter plainte. Soyons plus légalistes pour donner un caractère professionnel aux actes que nous posons en longueur de journée. Je vous rappelle également que nos prisons et nos maisons d’arrêts ne sont pas des abattoirs, mais plutôt, ce sont des centres de rééducation. C’est pourquoi, nous allons désormais autoriser les imams et prêtres à venir rencontrer les détenus.
Dans ce premier mois de service à Kissidougou, j’ai déjà pris la température de la ville ; et désormais, mon parquet va sévir contre les occupations illégales des domaines, nous allons observer tolérance zéro contre les cas d’évasion et la délinquance sous toutes ses formes’’, a-t-il averti.
Prenant la parole au nom des officiers de police judiciaire, le commissaire général de police et commissaire central de Kissidougou, colonel Balla Kourouma a signifié que malgré les difficultés qui les assaillent, les officiers de police sont prêts à faire violence sur eux-mêmes, pour respecter à la lettre les quelques recommandations faîtes par le chef du parquet.
‘’Nous avons beaucoup appris pendant cette rencontre et nous resterons résolument engagés à accompagner monsieur le procureur dans ses efforts manifestes de qualification du travail des OPJ. En ce qui nous concerne, nous allons veiller au respect strict de tous ces points énumérés’’, a-t-il promis.
À rappeler que le commandant de la gendarmerie territoriale avait profité de cette rencontre, pour souligner au procureur un manque de représentativité de son service dans les différentes communes rurales. Par exemple sur les 12 sous-préfectures que compte Kissidougou, seulement 5 sont couvertes par la gendarmerie notamment les communes rurales d’Albadariah, Sangardô, Kondiadou, Yèndè Millimou et Banama.
Depuis Kissidougou, Ousmane Nino SYLLA, pour Lerevelateur224.com.