Si les hommes oublient et blessent, le temps retient tout et ne pardone à personne ses crimes et ses méfaits. Dieu est le maître et reste juge suprême. La transition actuelle a rendu le plus grand service au pays, en révélant la nature profonde de chacun, la moralité enfouie des uns et des autres, au-delà des mythes et de toutes les forfanteries habituelles. Les Guinéens se connaissent mieux entre eux depuis un certain temps. Il sera difficile encore de se tromper et d’être trompé. Les citoyens ont ouvert les yeux et sont plus avertis. Les anciens dirigeants sont davantage édifiés sur la société. Il ne reste plus qu’à espérer que la relève qui viendra tienne compte des expériences malheureuses, parce que ce n’est pas évident de ne pas répéter les erreurs dans un pays où l’impunité consacrée a fini par garantir la récidive à toutes les époques. Alors, on persiste dans l’indécence et brille dans les reniements les plus inimaginables. Quand on entend certains aujourd’hui, en se souvenant de ce qu’ils disaient hier ou ont prétendu être, on se demande, s’ils peuvent encore se regarder dans la glace et comment ils arrivent à trouver le sommeil. Peut-être que leurs nuits sont agitées, leurs journées troublées en se débattant avec leur conscience et en voyant le mépris des autres, leur cauchemar d’aujourd’hui et leur enfer pour demain. Et, pourtant ceux qui en savent un bout de leurs personnalités sombres et de leurs petits secrets sordides n’ont encore rien dit ni ne se précipitent à leur rappeler leur passé récent. S’ils se veulent ingrats en se déjugeant, le Professeur Alpha Condé et d’autres se montrent dignes et s’obligent à l’honneur en se taisant, pour l’instant, sur leurs trahisons passées et toutes leurs duplicités. Ils en profitent pour dire et faire n’importe quoi n’importe comment.
Bientôt, les langues vont se délier et la parole se libérer, parce que l’on va rompre avec la réserve qui a suivi le coup d’Etat du 5 septembre 2021 pour descendre dans l’arène politique où tous les coups sont permis. Le Pr. Alpha Condé aime à rappeler que “plus le singe monte haut, plus on voit son derrière”. Beaucoup sont montés trop haut, sont allés trop loin pour espérer être épargnés et bénéficier d’un traitement courtois et élégant. Le débat public ne peut être pris en otage par des médiocres et opportunistes qui rêvent de balayer les élites et de piétiner le mérite en terrorisant les meilleurs de la société, en écartant les plus légitimes d’entre tous.
Ainsi, voit-on des “petits esprits” insignifiants se mesurer à des icônes et se permettre de leur imposer des choix ou donner des directives.
On entend des ministres ” recyclés ” dans des directions perdre la raison au point de s’offrir en sacrifice pour un homme au pouvoir qui leur aurait donné la chance de leur vie.
Un autre, débarqué de son poste de directeur se transforme en rabatteur de foules, parfois, joue au chroniqueur intéressé et à l’avocat d’une cause douteuse. Seulement, on a vu et entendu tout cela depuis toujours en Guinée où les convictions sont alignées sur les réalités de l’instant, l’engagement du moment dépend des intérêts du moment avec les dirigeants du moment.
Le Général Mamadi Doumbouya aurait pu se démarquer de tous ses prédécesseurs, les venger aussi en refusant d’être à la merci des démagogues, des Guinéens ayant le ” destin de la feuille morte”. Hélas, lui aussi, a succombé à leurs charmes et à leurs sirènes. Dieu le sauve et préserve la Guinée de tous ceux qui ne regardent pas dans le rétroviseur et pour lesquels la fin justifiera toujours les moyens.
L’édito / lerevelateur224.com