Bambaya est un secteur du district Wossokoma, l’un des 16 districts de la sous-préfecture de Sangardo. Ce village situé le long de la Transversale No.4 reliant les préfectures de Kissidougou et Kouroussa, est rendu célèbre à cause de la forêt classée qui s’y trouve et qui prend l’appellation de la « forêt classée de Bambaya ».
Avec une étendue de 336 hectares, elle est située à 23 kilomètres de la commune urbaine. Certes, cette forêt n’est pas la plus grande parmi les 6 que compte Kissidougou, mais elle est de loin la mieux protégée au regard de la physionomie qu’elle présente aux yeux des visiteurs. Son avantage naturel réside dans le fait qu’elle est délimitée par deux cours d’eaux notamment le Kignaigbè, un affluent du fleuve Niger et le Niandan. La cohabitation de cette forêt avec ces deux fleuves offre une vue merveilleuse aux rares touristes étrangers qui visitent les lieux.
Cependant, la forêt de Bambaya, classée depuis le 10 octobre 1951, ne tire pas son statut de meilleure forêt classée de Kissidougou des simples avantages que la nature lui offre, mais plutôt, c’est surtout grâce à l’implication de la communauté villageoise aussi déterminée à accompagner les efforts des services de l’environnement. En tout cas, depuis plusieurs années maintenant, le gouvernement dans sa politique forestière, accorde une place importante aux communautés dans la gestion de nos forêts.
Cette approche se matérialise sur le terrain par la création des comités de gestion des forêts confiées aux autorités locales, à la jeunesse et aux femmes. Cette belle conjugaison des efforts gouvernement-communauté, est un exemple de réussite comme le témoigne Lanciné Kourouma, chef dudit village, également président du comité de gestion de la forêt.
‘’La conservation de cette forêt est devenue comme une culture chez nous qui se transmet de génération en génération. Nous sommes conscients du fait que cette forêt constitue pour nous comme le premier bouclier contre certaines maladies ou bien contre des intempéries. Alors, on n’attend pas l’État pour ça, car nos grands parents nous ont toujours conseillés en disant que si cette forêt est bien protégée, nous sommes les premiers bénéficiaires, mais si elle est détruite, nous serons les premières victimes.
Le gouvernement nous a largement sensibilisé sur les cas d’agression de la forêt notamment les travaux agricoles et les feux de brousse. Donc, ici, nous avons mobilisé 75 jeunes comme une armée de la forêt qui surveillent tout le périmètre, pour veiller sur tout ce qui est interdit dans cette forêt à savoir, les feux de brousse, la coupe du bois, le braconnage ou toute autre forme d’agression de la forêt. Vous pouvez parcourir toute cette forêt, vous n’allez pas voir une trace de coupe de bois ni une trace de feux. Celui qui viole cette interdiction, est automatiquement soumis à des sanctions de la communauté. Nous avons règlementé tout cela à notre niveau’’, a-t-il témoigné.
Pourtant, malgré leurs immenses efforts dans ce combat pour la protection de cette forêt, la communauté de Bamba estime qu’elle n’est pas du tout encouragée ni par l’État ni par ses partenaires.
‘’Depuis nos grands parents jusqu’à maintenant, nous continuons à nous battre pour protéger cette forêt, mais en retour, nous ne sommes pas encouragés. A cause cette forêt, notre village est devenu le nid du paludisme, mais nous n’avons même pas un poste de santé. Si nous avons un malade ici, il faut parcourir des kilomètres pour les soins avec l’état actuel des routes complètement dégradées. Pourtant, il y a des gens qui viennent ici pour tenter de nous corrompre, afin de les laisser couper des bois, mais nous leur disons que nous conservons cette forêt pour les générations futures’’, a-t-il fait savoir.
Dans cette forêt, en plus de la beauté de sa nature, le visiteur peut bénéficier de l’air pur, contempler à l’état sauvage plusieurs variétés d’oiseaux et même certains animaux comme des antilopes. La détermination de la jeunesse de Bambaya à conserver leur forêt devra inspirer les autres communautés à travers le pays, surtout que tout récemment, aucune région de la Guinée n’a été épargnée des vagues de chaleur qui avaient atteint une proportion inquiétante.
Toutefois, si les communautés ne sont pas accompagnées dans leurs efforts, elles risquent de se décourager et du coup, nos forêts seront exposées à toute sorte d’agression par les bourreaux de la nature.
Depuis Kissidougou, Ousmane Nino SYLLA, pour lerevelateur224.com.
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