En plus de plusieurs autres difficultés déjà existantes dans le secteur agricole à Kissidougou, la campagne agricole de cette année est marquée par la rareté des grandes pluies. Cette situation inattendue et devenue préoccupante pour l’ensemble des acteurs du secteur de l’agriculture, fait trembler les paysans qui se trouvent déjà au bord de la panique, craignant d’éventuelles conséquences désastreuses de ce phénomène sur leur productivité.
Les constats amers révèlent que dans la commune urbaine de Kissidougou, tout comme dans les 12 communes rurales, c’est plutôt les vagues de fraîcheur qui se font signaler en lieu et place des grandes pluies. Face à ce phénomène qui perdure depuis le début du mois de juin, le président de la chambre régionale d’agriculture de Faranah, Ahmed Baka Keita a décidé de prendre la parole pour faire le point de la situation et proposer des solutions. Ce géant de la production agricole dans la région de Faranah soutient qu’aucune forme d’agriculture n’est possible sans la pluie.
‘’Le premier élément sur lequel se focalise un agriculteur, c’est la pluie, sans laquelle, toute activité agricole devient impossible chez nous. Anciennement, dans la région forestière, plus particulièrement à Kissidougou, les pluies étaient denses en cette période de l’année, c’est-à-dire, juin-juillet-août. Mais cette année, c’est le contraire qui est en train de se produire, nous sommes en juillet et les grandes pluies se font rares. Parfois, on peut remarquer des nuages, mais les pluies ne tombent pas du tout et souvent, c’est des faibles pluies. Tout ça, c’est les conséquences du changement climatique qui est planétaire même si chaque région a sa spécificité. Donc, chez nous ici, je dirai que notre microclimat est malheureusement en train de subir les agissements néfastes de l’homme à travers les feux de brousse ou les coupes abusives des bois sans reboisement intense. Aujourd’hui, cette rareté des pluies ne rassure pas les paysans. Par contre, la plupart vivent dans l’inquiétude, car ils redoutent les impacts. Si rien n’est fait, on risque d’assister à l’extrême pauvreté des paysans qui ne vivent que de l’agriculture’’, a-t-il averti.
En termes de propositions de solutions pour contrer ce phénomène qui risque de se reproduire les années suivantes, Baka Keita soutient qu’il est temps pour notre pays de migrer vers l’agriculture intelligente.
‘’Au cours de mes nombreux déplacements dans la sous-région où j’ai eu la chance d’assister à plusieurs ateliers du Reopa (Réseau des Organisations Paysannes de l’Afrique de l’ouest), j’ai remarqué que les pays presque sahéliens comme le Sénégal, le Burkina Faso sont en avance sur l’agriculture intelligente. Au début, on pensait que notre pays n’avait pas besoin de cela, mais aujourd’hui, nous sommes dans la même situation que ces différents pays ; donc, il est grand temps pour nous de les imiter.
En outre, j’interpelle les décideurs et les environnementalistes et même les populations à prendre leur responsabilité par exemple à Kissidougou ici, nous sommes arrosés par deux grands marigots à savoir Djassafè et Gbangban. Mais malheureusement, de nos jours, ces marigots sont transformés en dépotoir d’ordures sous les regards impuissants de la direction préfectorale de l’environnement et le silence coupable de toute la société’’, a-t-il regretté.
Au terme de cet entretien, le président de la chambre régionale d’agriculture de Faranah n’a pas manqué d’aborder les autres difficultés qui assaillent le monde paysan à Kissidougou.
‘’D’abord, je commence par la faible mécanisation de l’agriculture dans notre localité, malgré les efforts de l’État et ses partenaires agricoles. Par exemple, cette année, Kissidougou a reçu 3 tracteurs supplémentaires, mais ce n’est pas suffisant. D’ailleurs, à ce niveau, il faut signaler aussi les coûts de location très élevés de ces tracteurs pour les portefeuilles des paysans. Or, sans la mécanisation de notre secteur, on ne pourra pas parler d’agriculture intensive. Egalement, on peut dénoncer le fait que des bras valides fuient nos différentes localités au profit des zones minières. Tout cela affecte négativement la productivité dans notre région’’, a-t-il conclu.
À signaler que l’autre conséquence de cette rareté des pluies à Kissi-faramaya, c’est la difficulté que ressentent les éleveurs à boucler les animaux aux cornes, car après avoir brouté, ces animaux auront besoin de s’abreuver. Mais malheureusement, plusieurs marigots ne coulent pas encore.
Depuis Kissidougou, Ousmane Nino SYLLA, pour Lerevelateur224.com.
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