En Guinée, la conduite de la transition patauge. Près de 6 mois avant l’expiration du chronogramme établi de commun accord avec la CEDEAO (Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), la junte au pouvoir ne semble pas presser. D’ailleurs, elle ambitionne de prolonger le délai de la transition qui expire le 31 décembre 2024. En tout cas, c’est ce qu’a laissé entendre à plusieurs reprises, le premier ministre, Amadou Oury Bah, notamment d’il y a quelques mois.
Invité de France 24 ce mercredi 5 juin 2024, Cellou Dalein Diallo a jeté un pavé dans la mare, notamment en ce qui concerne le soutien aveugle de la communauté internationale à la transition dirigée par le général Mamadi Doumbouya.
‘’Je pense que l’occident est moins porté aujourd’hui vers la promotion et la défense des valeurs de démocratie et des libertés, que par la guerre d’influence et des intérêts économiques nationaux’’, estime Cellou Dalein Diallo.
Pendant longtemps, enchaine-t-il, un coup d’État était condamné, la coopération économique était réduite à son minimum si elle n’était pas suspendue jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel. ‘’Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et nous pensons que même les violations flagrantes des droits de l’homme, on a eu une cinquantaine de jeunes abattus dans les rues, alors qu’ils manifestaient soit pour le délestage du courant ou pour exiger le respect des dispositions de la charte, on n’a pas senti les condamnations ou les exigences de justice auxquelles on était habituées il y a quelques années. Donc, on considère que l’occident ménage la junte, cette junte-là, pour des raisons qu’on n’arrive pas à expliquer’’, a asséné Cellou Dalein Diallo.
Aussi, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a fustigé le manque de rigueur des dirigeants de la CEDEAO vis-à-vis des Putschistes de la Sous-région.
‘’Ce que je dis sur la communauté internationale est autant valable pour la France que pour la CEDEAO. C’est une organisation qui a aussi des faiblesses. La CEDEAO, contrairement à sa charte, l’accord additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, un régime putschiste doit être suspendu de l’organisation. Et aujourd’hui, toutes les quatre juntes sont redevenues des membres à part entière de l’organisation. Ce qui est contraire à la charte. Ce n’est plus la même rigueur qu’on a connue, on n’acceptait pas qu’un militaire dirige un pays membre de la CEDEAO, et aujourd’hui, on en a quatre’’, a déploré l’ancien premier ministre guinéen.
Gnama KABA, pour Lerevelateur224.com.