Dans son allocution lors de la réunion de la Commission Politique de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie, le Président du Conseil National de Transition (CNT) de Guinée a soulevé la question suivante : “à quoi sert honnêtement d’organiser des élections où les mêmes sont les gagnants”.
Cette partie du discours du Dr Dansa Kourouma a été mal interprétée à mon sens par certains, soit par ignorance ou par mauvaise foi. Toutefois, elle semble toucher une problématique centrale de notre système démocratique.
Comme le disait Jimmy Carter “Les élections ne sont pas seulement des événements, mais des moments cruciaux où se révèle l’âme d’une nation, sa détermination à préserver les libertés et à respecter la volonté de son peuple.”
Dans un monde où les élections se transforment parfois en de simples formalités, dépourvues de sens et de légitimité, à quoi servent ces élections si elles ne reflètent pas la volonté du peuple ?
Trop souvent, les élections sont détournées de leur véritable objectif : permettre au peuple de choisir ses représentants et de participer à la gouvernance de manière démocratique. Au lieu de cela, nous assistons à des processus électoraux où les résultats sont manipulés à l’avance, où les gouvernants se maintiennent au pouvoir coûte que coûte, ignorant la volonté populaire et sacrifiant l’intérêt général sur l’autel de leurs ambitions personnelles.
C’est de mauvaise foi pour certains acteurs de déformer les propos de l’Honorable Dr Dansa Kourouma et de les présenter comme une attaque contre la démocratie elle-même. Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité. Ce n’est pas la démocratie qui est remise en question, mais plutôt les pratiques antidémocratiques qui la dégradent et la pervertissent.
Lorsque des élections se transforment en une mascarade où les résultats sont truqués, où la corruption et le népotisme règnent en maîtres, où les droits de l’homme sont bafoués et où la voix du peuple est étouffée, alors il est légitime de se demander : à quoi servent honnêtement de telles élections ?
Ce que l’Honorable Dr Dansa Kourouma nous rappelle, c’est que la démocratie ne se résume pas à des élections périodiques. Elle englobe également la primauté du droit, le respect des libertés fondamentales, la séparation des pouvoirs et la reddition de comptes. Elle repose sur des institutions démocratiques et solides.
Si nous voulons réussir cette transition, nous devons tous nous engager envers une démocratie authentique, basée sur la participation citoyenne, la transparence et la responsabilité. Refusons fermement les pratiques antidémocratiques qui minent la légitimité des processus électoraux et sapent les fondements mêmes de notre société.
La démocratie ne peut prospérer que si elle est véritablement au service du peuple. C’est à nous, de défendre ces valeurs démocratiques et de lutter pour un avenir où chaque voix compte, où chaque vote est compté et où chaque citoyen peut véritablement exercer son droit à la démocratie.
Ange Gabriel HABA,