En séjour en Europe depuis quelques jours, l’ancien premier ministre guinéen, Cellou Dalein Diallo s’est exprimé ce jeudi 6 juin 2024, sur RFI. Le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée qui vit en exil depuis plus de deux ans maintenant, a abordé plusieurs questions liées notamment à la gestion de la transition dirigée par le Général Mamadi Doumbouya.
De passage à Paris, Cellou Dalein Diallo a répondu aux questions de Christophe Boisbouvier. L’opposant guinéen qui déplore la conduite de la transition en Guinée a annoncé son retour très prochain dans son pays, pour participer sur place au combat des démocrates guinéens pour que le général Doumbouya et les militaires respectent leur parole et remettent le pouvoir aux civils avant la fin de l’année.
‘’C’est l’une des sources de ma déception, c’est de ne pas voir respecté justement cet engagement pris devant le peuple de Guinée, devant la Communauté internationale. Moi, je croyais fermement que cet engagement allait être respecté. Mais, il y a une tendance à rester aussi longtemps que possible au pouvoir, puisque visiblement, le retour à l’ordre constitutionnel est reporté au calendes grecques. Et donc ça, c’est une déception non seulement pour l’UFDG, mon parti, mais pour tout le peuple de Guinée. Et nous ne pouvons pas rester assis et laisser les militaires qui n’ont aucune légitimité, parce que toute leur légitimité était tirée de cet engagement de restituer le pouvoir aux civils dans un délai raisonnable par des élections libres et transparentes. Donc, la population de Guinée est déçue d’abord de la mauvaise gouvernance, de la restriction des libertés. Vous n’êtes pas sans savoir qu’ils ont procédé au retrait des agréments des principales radios et télévisions du pays, parce que celles-là étaient jugées critiques par rapport à leur gouvernance’’, fait remarquer Cellou Dalein Diallo.
A la question du journaliste français liée à la menace de manifestation du FNDC à Conakry, le leader de l’UFDG assure que ce sont les forces vives de Guinée qui sont unanimes sur la nécessité de se faire entendre à travers l’Union sacrée.
‘’Ce n’est pas le FNDC seul qui menace, il y a eu la naissance de ce qu’on a appelé récemment l’Union sacrée, où les principaux partis, y compris ceux qui allaient soutenir la junte, disent aujourd’hui qu’ils sont déçus et qu’ils se rendent compte que la junte n’est pas de bonne foi. Elle veut garder le pouvoir aussi longtemps que possible et peut-être définitivement. Donc là, aujourd’hui, c’est le peuple de Guinée tout entier qui est déterminé à user de tous les moyens, pour contraindre la junte à respecter l’engagement qu’elle a pris devant le peuple de Guinée, devant la communauté internationale’’, assure-t-il.
Répondant aux accusations du premier ministre Amadou Oury Bah, qui selon lui, c’est l’opposition qui refuse de dialoguer avec le pouvoir militaire, contribuant ainsi au retard dans la préparation des élections, Cellou Dalein Diallo n’est pas passé par mille chemins pour rétorquer.
‘’Bon, vous savez, on multiplie les alibis pour justifier de se maintenir aussi longtemps que possible au pouvoir. Moi, je suis honnête, je voulais apporter notre contribution, mais à un débat crédible. Il faut un arbitrage. C’est pourquoi, on avait besoin pour nous d’un facilitateur nommé par la CEDEAO, l’Union africaine ou les Nations unies’’, a-t-il répliqué, annonçant son retour prochain en Guinée pour continuer le combat.
‘’Je suis obligé de rentrer d’ailleurs ! Je ne peux pas vous le dire maintenant, mais c’est sûr que je vais rentrer. Je suis en train de préparer le Congrès national [de l’UFDG] et je souhaite vivement être là en ce moment. Et la date n’est pas encore fixée. Je suis prêt à rentrer, même si les poursuites ne sont pas abandonnées. Tout le monde sait qu’elles sont fantaisistes. Mais, il faut que je sois là. Quels que soient les risques que je prendrai pour la défense de nos valeurs’’, a-t-il annoncé.
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