L’interdiction de l’exportation des denrées de première necessité, a engendé une paralysie des activités des citoyens guinéens. A N’Zérékoré, cette décision a considérablement impacté les agriculteurs, les producteurs de l’huile rouge notammment qui vivent une baisse de prix de leur produit.
Le Bidon d’huile qui était vendu à plus de 200 mille l’année dernière, se négocit aujourd’hui entre 50.000 et 60.000 GNF, plongeant ainsi les producteurs de cette denrée précieuse dans l’angoisse. Pour s’enquérir des réalités, notre correspondant est allé ce samedi 19 Avril 2024, à la rencontre de certains dans le district de Gbouo, situé à 30km de la commune urbaine de N’Zérékoré, sur la nationale Nº2. Abraham Loua dit être affaibli par la baisse insupportable du prix de l’huile sur le marché de la région forestière.
‘’La baisse du prix sur le marché m’affaiblit. Ça me donne la peine même de travailler dans ma plantation. Parce qu’en investissant dans l’agriculture, c’est une grosse dépense et quand on investit, il faut qu’à partir de l’investissement au bout de 3 à 4 ans, qu’on ait un retour à l’investissement. Si à partir du retour à l’investissement, on n’arrive même pas à supporter le coût, la charge même de la prise en charge des mains d’œuvre de la plantation, j’ai du mal et je regrette du fait que je me suis lancé dans l’agriculture’’, a-t-il regretté
Suite à cette crise, cet entrepreneur voit son entreprise aller en faillite. Selon, ses travailleurs s’en iront bientôt, puisque que l’entreprise n’arrive pas à supporter la prise en charge du personnel y compris lui-même et celle de sa famille.
‘’J’ai au moins 9 employés. Mais, il n’y a pas d’espoir, parce qu’eux aussi, ils ont une charge à la maison, ils ont des familles à nourrir, ils ont des dépenses personnelles. Et si moi-même en tant responsable de l’entreprise, je n’arrive pas à me prendre en charge, je ne pourrai pas les prendre en charge ; donc, ils seront tenus obliger de s’en aller.
Par rapport à la prise en charge familiale, je me suis déjà désengagé dedans, parce que j’ai déjà donné cette charge à ma femme pour pouvoir supporter la famille, en attendant que la situation se règle. Et pour faire face à la charge de la plantation, c’est-à-dire le nettoyage, la coupe des régimes, le transport, la production, l’entretien des machines et l’extraction. Ça, la plantation aime. Nous sommes en train de gérer comment on peut supporter le coût pour traverser cette crise. Et tout récemment, je viens de quitter dans une institution bancaire pour pouvoir faire un prêt, afin de prendre en charge 3 mois de dépense.
Donc, l’appel que je demande à l’Etat, c’est de voir la situation de nos produits. Parce qu’à l’heure-là, l’huile quitte le Libéria pour la Guinée précisément à N’Zérékoré. Et les produits que nous-même produisons, l’Etat ne nous permet pas de faire liquider ailleurs. Ce qui fait que nos produits locaux perdent de la valeur. D’après tout ce qu’on a expliqué, tu finis, on te dit un bidon à 60.000 GNF. Les frontières sont fermées, ça ne donne pas le courage de travailler’’, s’est indigné Abraham Loua.
Jérôme Loua, diplômé en sociologie de son état, producteur d’huile rouge, rencontré dans sa plantation, a interpelé les autorités de la transition sur les réalités sur les différents marchés de la région forestière.
‘’Le prix d’huile sur le marché, vraiment c’est dégradant, ça nous met très mal à l’aise, parce que ce n’est pas comme l’année passée. L’année dernière, nous étions à 200.000 GNF sur le prix d’un bidon, mais cette fois-ci, nous avons assisté à un prix qui est catastrophique, parce qu’ils nous parlent de 50.000, 60.000 GNF sur le marché, pourtant, le travail est très dur. On peut faire au moins un jour et une nuit comme ça en train d’extraire seulement 3, 4, 5 bidons d’huile.
Aujourd’hui, il y a un problème que nous assistons sur le marché actuel. Quand nous partons, ils nous disent que le prix d’un sac de riz est à 372.000 GNF. Vous imaginez ? Et même le prix d’un bidon d’huile d’arachide, on nous parle 300 et quelques mille francs guinéens, pendant que le bidon-là équivaut au même bidon d’huile rouge que nous produisons en Guinée forestière. Et on dit le prix d’huile rouge c’est 60.000 GNF. Ce n’est même pas égal à la moitié du prix d’un bidon d’huile d’arachide, ou même ça ne fait même pas la moitié du prix du sac de riz.
Nous souffrons. On ne peut même pas expliquer, tous les mots nous manquent. C’est pourquoi, je lance un appel au chef de l’Etat, de jeter un regard sur les produits locaux, parce que je crois que c’est le fait que l’huile ne sort pas du pays qui fait que l’huile rouge n’a pas de prix’’, déplore Jérôme Loua, employeur d’au moins 7 personnes.
De son côté, cette mère de famille qui voit l’éducation de ses enfants vouer à l’échec à cause de la baisse du prix de l’huile rouge qui est leur trésor, plaide aussi auprès des autorités pour autoriser l’exportation de leur produit.
‘’On prend des gens pour venir couper les régimes et ça demande beaucoup d’argent. Après, on cherche d’autres personnes pour égrapper, d’autres encore pour tamiser, avant d’amener à l’usine, tout ça-là c’est de l’argent qu’il faut. Mais après toutes ces difficultés, quand on finit, on se retrouve les mains vides, parce que tout simplement, le prix de l’huile sur le marché nous a vraiment découragé. Mes enfants sont à Conakry pour étudier. Quand ils nous appellent actuellement, je leur dis qu’il n’y a rien. Ce que je veux demander au gouvernement, c’est de nous aider, parce que le seul produit qui peut nous aider à faire nos besoins en ce temps précis, c’est l’huile. Et si le prix reste ainsi, nos enfants ne pourrons pas étudier. Seul l’huile peut nous aider à vivre. Education, santé, manger et autres, c’est dans l’huile. Il faut que l’Etat révise cette situation’’, a interpellé Nowai Kpoghomou.
JOB BEAVOGUI, de retour de Gbouo, pour Lerevelateur224.com.