Les faits remontent à Juillet 2023. Pour la petite histoire, c’est un conflit autour d’un domaine sis au quartier Gbangana, commune urbaine de N’Zérékoré, qui a opposé la famille Kamano de la communauté Kissia à Soua François Kéréba, depuis le mois de Juillet 2023, apprend-t-on. L’affaire est partie de la gendarmerie à la justice. C’est à l’issue de ce conflit que l’administrateur de ce domaine a refusé de procéder à la signature d’un papier qui serait imposée par le juge d’instruction à plusieurs reprises. Chose qui a fait l’objet du décernement d’un mandat de dépôt contre sa personne, pour la maison centrale de N’Zérékoré.
Kékoura Kamano, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a passé un moment qu’il qualifie de désastreux pendant son séjour à la maison centrale. Il l’a fait savoir dans une interview accordée à notre correspondant régional ce vendredi 29 mars 2024. Pour mieux expliquer les faits, il est revenu sur sa mésaventure.
‘’On a décidé de faire un enclos sur la parcelle pour éviter des discutions inutiles autour de notre héritage. Après avoir fini de faire la clôture, le monsieur qui s’est présenté comme propriétaire d’une partie, est allé porter plainte à la gendarmerie. Du coup, j’ai vu des gendarmes qui sont venus m’arrêter, me jeter dans leur pick-up, sans convocation préalable. Ils m’ont retiré mes téléphones pour m’empêcher d’appeler qui que ce soit ; j’étais déjà menotté comme si j’avais commis un crime. Ils m’ont jeté dans les violons de la gendarmerie. C’est là-bas où j’ai emprunté un téléphone pour appeler mon grand frère, lui faisant savoir que j’étais incarcéré à la gendarmerie. Ceux-ci sont venus avec un avocat qui est notre conseiller. Après discussion, ils m’ont relâché’’, a-t-il expliqué.
Il ajoute ensuite avoir reçu un document à signer qu’il a refusé. ‘’J’ai dit que c’est mon corps qui va signer ça mais moi, je ne vais pas signer ça. A la justice, même chose. De chez le procureur on est allé chez le président du tribunal sous prétexte de m’obliger à signer ce papier qui pouvait donner raison à notre adversaire. Le juge d’instruction, m’a dit : « si tu ne dis pas la vérité, on va te condamner ». Je lui ai dit que je préfère mourir que de signer ce papier. Donc, je suis resté comme mon conseiller était sorti pour aller chercher un document, les gendarmes sont rentrés en me disant signe ! J’ai dit non, je ne signe pas. De là-bas, le mandat de dépôt a été décerné pour me conduire à la maison centrale’’, se souvient-il.
Le calvaire que Kékoura Kamano n’a jamais connu depuis sa naissance a commencé dès lors qu’il a franchi le portail de la prison civile de N’Zérékoré, où il a séjourné pendant 3 jours. ‘’A la rentrée, le régisseur m’a retiré tout ce qui était sur moi y compris mon argent. Donc, je suis rentré. A l’intérieur de la cellule, on m’a demandé de payer 500.000 GNF, à défaut, de dormir dans l’urine. Et à l’époque, j’étais souffrant. C’est ce qui m’a obligé d’appeler mon frère afin d’informer madame pour m’envoyer de l’argent. J’ai payé 300.000 GNF en leur promettant de payer le reste dans 2 jours. Je payais 50.000 GNF avant d’utiliser la toilette, quand je sors, avant de rentrer, je paie encore 50.000 GNF, les autres oui mais moi, c’est ce que je payais. Ils m’ont torturé, sur l’ordre du juge d’instruction, ils m’ont mis sous le soleil ardant dans la cour de la prison civile pendant 2h de temps.
Le 2ème jour, le juge d’instruction a envoyé quelqu’un chez le régisseur pour me demander si j’étais malade. Je lui ai tout simplement dit que les tortures de la prison ont aggravé ma maladie. J’ai vomis du sang deux fois dans la douche suite aux tortures que j’ai subies. J’ai fait trois (3) jours là-bas sans manger. Le 4ème jour, ils ont dit à mon frère de faire un papier pour mon traitement. Ceux-ci ont fait ça. A ma sortie de l’hôpital, ils demandent de payer trente millions (30.000.000 GNF), la communauté dit qu’elle a compris’’, a relaté Kékoura Kamano.
En ce qui concerne les 30 000 000 de francs guinéens qui aurait été réclamés par le juge d’instruction pour la libération de Kékoura Kamano, les parents n’ont payé que 500.000 GNF, à en croire la victime de cette mésaventure.
Depuis N’Zérékoré, JOB Béavogui pour lerevelateur224.com.