Depuis bientôt 48h un document de 92 pages publié par Association Scolaire et Estudiantine de Guinée circule sur la toile dans lequel document, la préfecture de Siguiri est pointée particulièrement du doigt, qualifiée à cet effet comme ” l’Eldorado des fraudes”.
Il est de mon devoir en tant que citoyen originaire de cette localité d’apporter quelques précisions, bémols et éclaircissements sur le contenu de ce rapport que je qualifie de sélectif, eh oui il n’y a pas d’autre mot mieux approprié que ça.
D’abord, on n’a nullement besoin d’être un spécialiste pour constater que le système éducatif de la Guinée a besoin d’un diagnostic sérieux, une refonte totale dirais-je, car comme le disait le Chef de l’État lui-même, “l’Éducation guinéenne est malade “. Alors, ne pas reconnaître cet état de fait serait synonyme de trahison et de malhonnêteté intellectuelle à l’égard de la Nation guinéenne.
Sur le contenu du rapport suscité, j’ai été sidéré et profondément touché par le fait de voir Siguiri à cette place, ce qui me pousse à me poser d’énormes questions au nombre desquelles :
1- sur la base de quel critère ces activistes se sont focalisés pour nous fournir un tel rapport ?
2- le nombre de boursiers obtenu par Siguiri au cours de ces dernières années n’est-elle pas à la base de ce ciblage accablant ?
3- À supposer que ce rapport soit fondé, à qui peut- on imputer la responsabilité ?
Voilà des interrogations légitimes que je fais après avoir pris connaissance de ce pactole de document.
Pour dire vrai, ces enquêteurs se sont trompés de cible ou du moins feraient mieux de pousser leur réflexion sur la question, Siguiri s’est toujours montrée exemplaire, pour preuve, allez dans les institutions d’enseignement supérieur du pays et vous remarquerez que Siguiri fournit des bons produits, on y décèle des étudiants qui brillent comme la lune au quatorzième jour du mois.
Pour dire mieux, la corruption dans les examens nationaux est un fait que personne ne peut nier dans ce pays mais sachons situer les responsabilités pour le rétablissement de la vérité aussi relative soit-elle.
Comment Siguiri peut être “Eldorado des fraudes” pendant que Conakry connait toutes les formes de fraudes à l’occasion des examens.
L’utilisation éhontée des réseaux sociaux qui se matérialise par la création des groupes sur les plateformes Messenger et WhatsApp est un secret de Polichinelle, quittons dans la léthargie pour mieux apprécier les faits.
Cette pratique qui s’est nationalisée tire son origine à Conakry où les fondateurs d’écoles privées mettent tout en œuvre pour avoir un nombre important d’admis l’histoire de se faire de la convoitise dans les années suivantes.
À Conakry, certains diplômés sans-emploi ne trouvent d’emploi que lors des examens nationaux, ils viennent à visage découvert faire l’examen en lieu et place des candidats pour enfin être rémunérés à l’issue du contrat, obligation de moyens et non de résultat pour la plupart des cas.
À Conakry, les sujets du bac circulent nuitamment, les encadreurs et certains cadres du Ministère de l’Éducation en complicité avec certains délégués distribuent des sujets moyennant une forte rémunération.
À Conakry, les étudiants reviennent faire le bac dans l’intention d’être boursiers au grand dam des candidats nouveaux donc normaux, ce fait passe inaperçu, ça crève les yeux pourtant.
Au regard de ce qui précède, force est d’admettre que si l’éducation guinéenne a des failles, c’est à tous les niveaux et de toutes les manières ce, depuis belle lurette.
Donc, les enquêteurs feraient mieux d’étendre leur enquête sur d’autres villes de la Guinée, la crédibilité du rapport en dépens. Évitons de tomber sous le coup de la bouc-émissarisation bidon et tâchons pour corriger ensemble les failles pour que notre système éducatif change de visage.
George Sand ne disait-il pas qu’ “une éducation, qui ne consulte jamais les aptitudes et les besoins de chacun, ne produit que des idiots” ?
Moussa Camara.