Ousmane Gaoual Diallo, autrefois perçu comme un symbole d’opposition radicale et un ardent défenseur des droits humains, incarne aujourd’hui la trahison la plus flagrante de ses idéaux passés. Cet homme, qui naguère appelait de ses vœux un soulèvement populaire contre un régime qu’il qualifiait de corrompu et autocratique, s’est métamorphosé en un des visages les plus sinistres du gouvernement de transition. Il est devenu l’exemple éclatant de la duplicité qui ronge la sphère politique guinéenne.
Sous la bannière de l’UFDG, Gaoual se posait en combattant de la liberté, prêt à s’ériger contre l’injustice, la répression et l’autoritarisme du régime Condé. Ses discours, empreints de violence verbale contre le pouvoir, mobilisaient une frange de la population assoiffée de justice. Gaoual incarnait à l’époque la voix du peuple opprimé, celle d’un homme soi-disant intègre, qui s’élevait contre la torture, la répression et l’injustice. Il se définissait comme un ardent défenseur de la vérité et des libertés publiques, appelant sans relâche à la mobilisation citoyenne contre la tyrannie. Mais derrière cette rhétorique de lutteur inflexible se cachait déjà le visage d’un opportuniste, prêt à tout pour s’approprier une part du pouvoir.
Depuis qu’il a intégré le gouvernement de transition suite au coup d’État du 5 septembre 2021, un coup qui a coûté la vie à plus d’une centaine de gardes présidentiels, Ousmane Gaoual est devenu l’antithèse de ses propres principes. Ironie de l’histoire, celui qui dénonçait hier les abus du régime de Condé, se fait aujourd’hui le porte-parole d’un régime encore plus répressif, encore plus autocratique. En tant que ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, il cautionne la censure médiatique et la surveillance électronique, devenant le bras armé du pouvoir pour museler toute contestation. Cumulant également le titre de porte-parole du gouvernement, il se trouve en première ligne pour justifier les mesures les plus liberticides de la junte au pouvoir, y compris les arrestations arbitraires et les tortures infligées à ceux qui osent élever la voix.
Gaoual est aujourd’hui un maître dans l’art de la volte-face. Hier défenseur des droits humains, il se fait aujourd’hui le héraut des oppresseurs. Il incarne cette élite politique guinéenne qui, une fois parvenue aux sphères du pouvoir, abandonne sans scrupule les idéaux qui l’ont porté. Pire, il symbolise cette classe de leaders qui se délecte de l’autorité et de la terreur, ne voyant plus dans la politique qu’un instrument de domination et de répression. Comment un homme qui clamait vouloir défendre le peuple peut-il si rapidement devenir un complice de ses oppresseurs ? La réponse se trouve dans l’ambition dévorante et l’absence totale d’intégrité.
Mais Gaoual n’est pas un cas isolé. Il est l’archétype d’un phénomène profondément enraciné dans la classe politique guinéenne : celui du militant devenu tyran. Ces leaders qui, une fois parvenus au pouvoir, se muent en bourreaux de la liberté, oubliant rapidement les promesses de démocratie, de justice et de transparence qui ont façonné leur ascension. Ils suivent un schéma bien connu : après avoir critiqué sans relâche les abus du pouvoir en place, ils finissent par reproduire, voire amplifier, les mêmes dérives une fois à la tête de l’État. Gaoual, avec son parcours de lutteur devenu ministre du gouvernement de transition, n’est que l’exemple le plus visible de cette trahison massive et systématique des idéaux démocratiques.
Pour la Guinée, le parcours de cet homme à double face, passé de héros de l’opposition à complice d’un régime brutal, doit servir de leçon. Il illustre la corruption morale qui gangrène les élites politiques guinéennes, une corruption qui fait que chaque nouveau régime semble condamné à répéter les abus de ses prédécesseurs. Le peuple guinéen, abusé et trahi, doit désormais ouvrir les yeux sur le vrai visage de ceux qui prétendent les représenter. Gaoual n’est qu’un parmi tant d’autres dans cette tragique galerie de politiciens hypocrites et démagogues, prêts à tout pour s’accrocher au pouvoir, même au prix de l’oubli complet des valeurs humaines fondamentales.