Depuis plusieurs décennies, la République de Guinée est plongée dans une spirale de mauvaise gestion qui a lourdement pesé sur son développement socio-économique.
Les régimes successifs, souvent accusés de corruption et de mauvaise gouvernance, ont laissé un héritage difficile à surmonter. Cependant, la situation actuelle sous la Transition en cours suscite une inquiétude encore plus grande, tant par la gravité des faits rapportés que par l’ampleur des détournements observés.
Lors de la prise de pouvoir par les autorités de la Transition, la population guinéenne nourrissait l’espoir d’une rupture radicale avec les pratiques du passé. Les discours promettant une refondation de l’État, une gestion transparente des ressources publiques, et une lutte sans merci contre la corruption avaient suscité un regain d’espoir dans un pays meurtri par des décennies de gouvernance opaque. Malheureusement, la réalité qui se dessine aujourd’hui semble bien éloignée de ces promesses.
Les récents scandales de détournements de fonds, tels que ceux liés aux marchés publics et aux finances des collectivités, ont révélé une gestion chaotique, marquée par une opacité grandissante et une absence de contrôle rigoureux des dépenses publiques. Des enquêtes ont mis en lumière des pratiques de favoritisme, de surfacturation, et de détournements orchestrés par des cadres bénéficiant d’une impunité totale.
Des montants colossaux, initialement destinés à des projets d’infrastructure, de santé ou d’éducation, ont été siphonnés au profit d’une minorité, laissant la majorité de la population dans la misère.Ces détournements interviennent dans un contexte où la crise économique frappe durement le pays. L’inflation galopante, la dégradation des services publics, et la montée du chômage exacerbent les frustrations populaires. Les citoyens guinéens, qui avaient placé leur confiance dans cette Transition pour opérer un changement profond, se sentent aujourd’hui trahis.
La grogne sociale monte, et les appels à la reddition des comptes se multiplient, tandis que la confiance dans les institutions s’effrite dangereusement.Les tentatives des autorités de la Transition pour juguler ces dérives se révèlent jusqu’à présent inefficaces. Les réformes annoncées tardent à se concrétiser, et les mécanismes de lutte contre la corruption peinent à produire des résultats tangibles.
L’absence de transparence dans la gestion des affaires publiques continue de miner l’économie du pays, et les promesses de refondation restent pour l’instant lettre morte.Il devient impératif que des mesures fortes soient prises pour rétablir la confiance et assurer une gouvernance réellement transparente et responsable.
Sans une volonté claire de rompre avec les pratiques du passé et de sanctionner sévèrement les auteurs de ces détournements, la Transition en cours risque de plonger la Guinée dans une crise encore plus profonde, compromettant ainsi les chances d’un avenir stable et prospère pour le pays.
Mamadou Barry
Membre de Coordination du FFSG.