Dans un communiqué rendu public dans la soirée du lundi 03 Juin 2024 sur les ondes des médias d’Etat, le gouvernement guinéen, à travers le Ministère de l’environnement et du développement durable, a interdit la coupe et l’exportation du bois sur tout le territoire national jusqu’à nouvel ordre.
Cette décision qui, selon le Ministère de l’environnement et du développement durable, est motivée par la coupe anarchique du bois par les exploitants artisanaux qui n’ont aucun document administratif, est prise alors que les exploitants artisanaux s’attendaient au mois prochain, avant le repos biologique comme d’habitude.
C’est en tout cas ce qu’ont fait savoir certains d’entre eux rencontrés ce jeudi 06 Juin 2024. Ils plaident auprès des autorités de la transition de revoir cette décision. Kama Lama pense que la mesure n’est pas prise à temps, parce qu’il ne vit que de cela.
‘’L’heure n’est pas arrivée. Ils ont annoncé l’interdiction, nous, on va souffrir. Et d’ailleurs, comme cette interdiction est faite, maintenant, quand on veut couper même les bois pour faire du charbon, les gardes forestiers nous empêchent et c’est nos familles qui en souffrent. Il faut que l’Etat fasse de son mieux pour que les choses s’améliorent. On n’a pas un autre métier, rien que ça’’, a interpellé Kama Lama.
Même son de cloche chez Daniel Camara, vendeur de bois, sis au quartier Boma sud, dans la commune rurale de Samoé. Pour lui, c’est une surprise que l’Etat leur a faite. Il pense que le gouvernement devrait plutôt respecter la date habituelle.
‘’On ne comprend rien cette année. Ils nous ont promis de travailler au cours de 7 mois dans une année. Mais l’année-là, on a travaillé seulement au cours de 5 mois. Je ne sais pas si cela est dû au remaniement qu’a connu le gouvernement ou quoi ? L’Etat devait dans les conditions normales, nous laisser le temps de transporter assez de stocks de bois pour que les populations achètent à un bas prix.
Habituellement, j’envoie plus de 7 000 patins ici dans mon atelier, avant l’interdiction de la coupe. Et quand je trouve plus de marchandises, le bois ne finit pas durant la période d’interdiction, en ce moment, je peux vendre à un prix bas. Mais aujourd’hui, je serai obligé d’augmenter le prix pour pouvoir m’en sortir, parce que le stock n’est pas assez’’, a-t-il annoncé.
Plus loin, il sollicite cependant que l’Etat fasse une bonne organisation, leur permettant de travailler comme avant. ‘’Je demande donc à l’Etat d’organiser cette affaire de coupe. Si on doit travailler durant 7 mois, il faut que cela soit respecté, quelles que soient les circonstances. Je crois que cela nous aiderait à nous planifier dans la vente. C’est notre seule source de revenu’’, a plaidé Daniel Camara
Ce menuisier, est l’un des plus utilisateurs du bois. Il se voit déjà en face d’une crise, car selon lui, l’augmentation des prix de chaque article est attendue, parce que tout simplement, les vendeurs de bois vont passer à la hausse des prix.
‘’Les vendeurs vont doubler le prix du bois qu’ils ont transporté en ville. C’est sur nous ça va agir, les clients vont arrêter de venir. Parce que si ce que tu payais à 5000 francs guinéens passe à 30 000, tu vas trouver que c’est cher et tu vas repartir. Ça sera la souffrance, parce que c’est dans ce métier que vie (famille, impôts…). Ils vont refuser, trouvant que le marché est cher, pourtant, ce n’est pas nous’’, explicite Mathieu Loua.
Il a aussi ajouté que l’interdiction est bien ‘’pour nous tous, mais aussi pour la génération future. Mais ce que je peux dire à l’Etat, c’est de respecter le temps demandé, ça peut nous arranger tous’’, a-t-il soutenu.
Depuis N’Zérékoré, JOB BEAVOGUI, pour Lerevelateur224.com.