Suite à l’expérimentation des centres Nafa par la Guinée, en vue de relever les défis liés à l’éducation non formelle, Firawa qui est l’une des 12 communes rurales de la préfecture de Kissidougou, fut parmi les premières localités du pays bénéficiaires des avantages de ces centres d’apprentissage synonymes de seconde chance pour les filles non scolarisées ou déscolarisées.
Malheureusement, en 2020, soit deux décennies après sa création, ce centre sera ravagé par un incendie dont l’origine reste jusque là inconnue. Ainsi, la toiture du bâtiment principal de trois salles abritant le centre a été entièrement consumée par les feux, les matériels brûlés étaient irrécupérables et la latrine de deux cabines réduite en cendres.
Depuis ce malheureux événement, le centre n’est plus opérationnel. Du coup, la plupart des jeunes filles qui apprenaient la broderie et d’autres métiers dans ledit centre étaient contraintes d’abandonner, tandis que d’autres plus déterminées à aller au bout de leurs formations ont préféré déménager dans la commune urbaine où elles sont souvent confrontées à des conditions d’hébergement et d’apprentissage insupportables.
Aujourd’hui, 4 ans après l’incendie, les femmes de la sous-préfecture de Firawa sollicitent l’appui des autorités et de ses partenaires pour la relance de ce centre si précieux pour l’autonomisation des jeunes filles et qui se présente comme un excellent moyen de lutter contre l’exode de ces filles vers les centres urbains. Dounia Kondiano, le tout nouveau secrétaire général de la commune rurale de Firawa a fait un constat alarmant. Il estime que la relance de ce centre est à la fois une nécessité, mais aussi une urgence.
‘’Depuis ma prise de fonction, j’ai rencontré les laborieuses femmes de Firawa à plusieurs reprises et à chaque occasion, elles ont exprimé leur souhait en faveur de la reprise de ce centre. J’ai vite compris qu’elles tiennent beaucoup à cela et j’ai constaté tout l’engouement qui est autour de ça. Laissez-moi vous dire que Firawa est une zone où le taux des jeunes filles déscolarisées et non scolarisées est très élevé. De nos jours, cette catégorie de filles se rabat sur les travaux champêtres et du coup, elles sont exposées à des mariages précoces, des grossesses non désirées ou à l’exode rural. C’est pourquoi, j’invite les ONGs de défense des droits des filles et toute autre institution partenaire à venir en aide pour rendre ce centre à nouveau opérationnel’’, a-t-il formulé.
Quant aux autorités scolaires de Kissidougou, elles abondent dans le même sens que les populations de Firawa. En tout cas, c’est la position soutenue par Aboubacar Condé, chef section éducation non formelle à la direction préfectorale de l’éducation de Kissidougou.
‘’Effectivement, ce centre a bel et bien existé à Firawa et il faut signaler qu’avant l’incendie, les filles et les leurs parents avaient largement adhéré à cette politique de l’État qui consiste à accompagner les jeunes filles qui n’ont pas eu la chance de fréquenter ou de continuer l’école. J’avoue que ce centre jouait un double rôles. Non seulement ça accordait trois ans de formation professionnelle à une catégorie, mais aussi, ça servait de passerelle pour une autre catégorie pour leur retour dans le système scolaire formel. En tout cas, je profite de votre site d’information pour lancer un appel pressant aux personnes de bonne volonté et à nos partenaires traditionnels comme Plan International Guinée, l’Unicef, Pam à voler au secours des jeunes filles de la localité de Firawa, car cela rentrerait dans le cadre de l’émancipation ou de l’émergence des femmes en général’’, a-t-il sollicité.
Elisabeth Tolno se sent aujourd’hui heureuse, car elle a eu la chance d’apprendre la broderie dans ce centre. Elle fait un plaidoyer pour la reconstruction dudit centre. ‘’Je connais beaucoup de jeunes filles de Firawa qui ont déménagé en ville pour apprendre un métier. Mais chaque fois que je parle avec elles au téléphone, elles n’hésitent pas de raconter leurs mésaventures notamment les conditions dégradantes qu’elles subissent en ville. Beaucoup d’entre elles n’ont pas pu supporter, elles sont revenues au village. Certaines sont tombées enceintes. Vraiment, si ce centre était opérationnel, ces filles n’allaient jamais quitter leurs parents. Moi, j’ai eu la chance d’apprendre la broderie dans ce centre et j’avoue que cela m’aide beaucoup. Je demande à l’État de penser à ce centre maintenant pour le bonheur de ces nombreuses filles qui ont envie d’apprendre des métiers’’, a-t-elle témoigné.
Toutefois, l’État devra faire face à la situation des centres Nafa qui sont souvent sous-équipés et qui peinent à prendre en charge les moniteurs.
Depuis Kissidougou, Ousmane Nino SYLLA, pour Lerevelateur224.com.
(+224) 610 454 552