Dans la nuit du mercredi 27 Mars dernier, le Général Mamadi Doumbouya, président de la transition, a, sur les ondes de la télévision nationale, rendu public la dissolution des conseils communaux pour être remplacés par des délégations spéciales. Ce, conformément aux dispositions du code révisé des collectivités locales du 24 Février 2017.
Cette décision du chef de la junte militaire au pouvoir fait réagir plusieurs observateurs notamment les leaders des partis politiques implantés dans la commune urbaine de N’Zérékoré. Cécé Loua, coordinateur régional de l’UFR, apprécie la décision à sa manière.
‘’Dans les conditions normales, leur mandat est terminé depuis longtemps. Pour ma part, ça n’a fait que retarder, il faut être honnête. C’est vrai qu’il y a des dérapages dans des secteurs, mais pour le cas précis des maires, ce que le code des collectivités dit, quand le mandat est terminé et qu’on n’a pu organiser les élections pour remplacer ces élus locaux, surtout avec l’arrivée de la transition, je crois que ça retardé. Et les gens avec les jeux politiques se sont rendus compte qu’il fallait le faire maintenant’’, assure-t-il.
Bien que le moment de la dissolution soit opportun, Cécé Loua constate cependant un acte politique derrière la décision du Général de corps d’armée.
‘’Nous politiques, ce qui est pour moi un peu compromettant, nous voyons derrière ça un calcul politique peut-être du CNRD, afin de mettre ce système pouvant les permettre de rester au pouvoir. Voilà moi, mon point de vue et ça n’engage que moi seul’’, soutient M. Loua.
Plus loin, le coordinateur régional de l’UFR se montre septique quant à la gestion des secrétaires généraux, qui, selon lui, seront en manque de certaines légitimités pour poser des actes légaux
‘’Ils ont dit qu’ils vont mettre les secrétaires généraux pour s’occuper des affaires courantes. Est-ce que ces secrétaires généraux auront la légitimité pour poser des actes légaux dans le but de faire marcher les collectivités ? Pour toutes collectivités ? On n’a pas dit l’administration. Collectivité, ça doit être gérée par des élus. Voilà le paradoxe que moi je ne comprends pas. Donc, prions Dieu qu’il n’y ait pas un calcul dans l’arrière tête, qu’il soit politique. Sinon, pendant 03 ans, il serait très suffisant pour le chronogramme qui avait été tracé soit respecté. Si à ce jour, aucun des points n’a encore été entamé, ni terminé, nous doutons fort qu’il y a un calcul politique derrière’’, a-t-il argué.
De l’UFR, M. Diaouné du parti de l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, dit ne pas être surpris, car selon lui, la décision était prévisible.
‘’Nous n’avons pas été surpris de ce décret, parce que ça s’annonçait depuis longtemps. Nous avons tout simplement été déçus. Déçu à partir du moment où on a pensé que le CNRD allait orienter la transition pour le retour à l’ordre constitutionnel. C’est à travers la nomination de ce nouveau gouvernement, que nous avons constaté que l’orientation des objectifs ont changé. Très fort malheureusement, ça veut dire que les violations des lois sont répétitives, on continue avec le même système depuis le 05 Septembre 2021’’, dénonce le chargé aux questions électorales de l’UFDG de N’Zérékoré.
Pour une transparence, selon lui, la règle votée, est que le CNRD organise les élections et que les citoyens eux-mêmes choisissent leurs représentant dans les collectivités qui doivent travailler avec la population locale, pour le développement de leurs municipalités.
‘’Si ce gouvernement consulte le code des collectivités comme étant la référence, j’avoue qu’ils ont pris exception au niveau de la règle. Moi, je pense que c’est ce qui devrait être fait, mais, c’est si le CNRD c’était inscrit dans la logique du retour à l’ordre constitutionnel. Et de surcroit, s’ils veulent candidater, c’est de proposer des hommes et des femmes pour pouvoir frauder les élections qui vont venir. Ça ne règle pas le problème, on ne fait que reporter. Et comme on ne veut pas organiser les élections, on veut tout commencer du chef de quartier en venant, on nomme les conseils communaux, autrement dit les délégations spéciales, on nomme au niveau des gouverneurs, des préfets et au niveau du territoire national. Ça veut dire que sur l’ensemble du territoire, le CNRD veut avoir ces hommes et ces femmes sur qui il faut s’appuyer pour des éventuelles élections’’, accuse-t-il.
Pour clore ses propos, il soutient que ‘’si les élections ne sont pas organisées selon le chronogramme indiqué par la charte de la transition, ça ne sera pas le problème de l’UFDG, mais plutôt le problème de tous les citoyens guinéens. L’UFDG fait partie de ces citoyens et nous allons prendre la décision ensemble, parce que la destinée de ce pays appartient à tous’’, a averti Mamadou Maladho Diaouné.
Depuis N’Zérékoré, JOB BEAVOGUI, pour Lerevelateur224.com.