Le gouvernement guinéen en accord avec la chambre de commerce a tout récemment augmenté les prix des denrées de première nécessité. Une augmentation qui continue de faire tâche d’huile au sein de la population qui tire le diable par la queue. Dans un entretien accordé à notre rédaction ce jeudi 15 février 2024, un spécialiste des questions agricoles s’est prononcé sur le sujet.
Le Directeur exécutif de l’ONG ACORD Guinée (association de coopération et de recherche pour le développement), propose à l’État de revoir sa politique agricole. Macky Bah a exhorté les autorités à aller vers la diversification de la production pour permettre à la Guinée de se prendre en charge sur le plan alimentaire.
‘’La première chose à faire, c’est d’aller vers la diversification de la production. Ce n’est pas importé des tracteurs, importé des milliers de tonnes d’engrais qui vont nous aider à augmenter nos productions. D’abord on augmente, on détruit la population, parce que c’est des intrants chimiques que nous utilisons qui sont nocifs à la santé humaine. Et aucun médecin ne peut vous dire aujourd’hui voici l’effet des intrants chimiques dans l’organisme humain et c’est nocifs. Un engrais que vous mettez dans le sol, il peut faire 50 ans sans se transformer, c’est pour vous dire combien de fois c’est dangereux. Et aujourd’hui, même dans nos cours, nous pompons des herbes avec des pesticides. Donc, pour moi, il faut que l’État pour tous les investissements qu’il est en train de faire, qu’il revoit un peu sa politique, qu’il revoit sa stratégie. On a des documents qui sont très bien élaborés, c’est de donner la primauté à la valorisation et l’accompagnement des petits exploitants qui sont dans les villages, qui sont dans les communes. Ils sont dans les bas-fonds, ils sont sur les parcelles très réduites. Avant, c’est dans ça que la forêt arrivait à nous nourrir tous à Conakry. Mais aujourd’hui, toutes ces parcelles, les gens ont tout abandonné, ils sont en train d’utiliser les produits chimiques. Pourquoi ne pas aider ces organisations paysannes qui sont à la base, à renforcer leurs capacités sur l’utilisation des engrais organiques. Tout récemment, on a envoyé 30 jeunes pour apprendre l’utilisation des engrais organiques. Ils ont appris l’utilisation des engrais organiques qu’on appelle bokachi. Donc, il faut que l’État mette devant la promotion de l’agro-écologie. Cela va nous aider à améliorer notre système de d’utilisation des engrais, ça va nous aider à protéger notre environnement et va nous à réduire les aspects liés au changement climatique’’, a-t-il indiqué, avant de demander à l’État d’accompagner les petits exploitants agricoles et les centres de recherche, afin de permettre à la Guinée d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.
‘’Aujourd’hui, il y a assez de problème au niveau de l’agriculture, mais l’État ne voit pas ces problèmes, il se focalise sur l’importation. La dernière fois, le Ministre de l’agriculture disait lors de son passage au CNT, qu’il faut que les gens s’habituent à manger l’igname. Non ! On ne peut pas obliger quelqu’un à manger l’igname, alors qu’au Foutah par exemple, c’est le tarot qu’on connait (…) Pourquoi ne pas amener les gens à manger traditionnel et à diversifier la production ? Donc, moi je me dis, si on veut aller vers l’autosuffisance alimentaire pour combler ce gap, -parce qu’aujourd’hui tous les pays sont victimes, l’Inde qui est le seul pourvoyeur en denrées alimentaires est en train aussi de se repositionner-, c’est d’appuyer les petits exploitants agricoles sur leurs petits lopins de terres avec des pratiques locales, des pratiques traditionnelles agro-écologiques.
C’est bon d’avoir des multinationales qui viennent, ils ont un objet et peuvent cohabiter avec les petits exploitants. Et les centres de recherche sont là, il faut les valoriser. Ces centres peuvent aider les producteurs à améliorer leurs semences, à faire des tris, parce qu’avec le changement climatique, on n’arrive plus à gérer l’utilisation des semences de longue durée. Il faut que les centres soient équipés, l’argent qu’on met de gauche à droite, il faut mettre sur les centres de recherche et ils vont nous aider à travers des recherches. Appliquez les recherches avec les organisations paysannes à la base, identifier les semences de qualité, des semences à courte durée qui peuvent aider le petit producteur à augmenter son revenu’’, a proposé Macky Bah, Directeur exécutif de ACORD Guinée.
Facinet CAMARA, pour Lerevalteur224.com.