Dans la funeste moiteur de ce sordide mouroir,
J’entrevois ta dernière silhouette à travers un funeste miroir.
Quoi ? Toi qui as toujours abhorré ces lourdes chaînes de la captivité,
Les voilà aujourd’hui ignominieusement entraver ta propre liberté.
Liberté ! Ô soldat Roger, aura t-elle désormais le même sens pour toi ?
Toi qui t’envoles aujourd’hui, si allègrement vers le suprême toit !
Laissant derrière toi un peuple effaré, une veuve meurtrie et des orphelins désespérés.
Pourtant du Christ sur la croix à Lord Byron, de Steve Beko à Luther King le modéré,
Le combat pour la liberté a invariablement connu cette tragique issue.
Et te voilà intrépide Roger, drapé ce matin, de cet immaculé linceul qu’on t’a tristement cousu.
Depuis que les profondeurs bibliques nous revelèrent l’ignoble Caïn trucidant le juste Abel,
des méchants et des injustes, la mort de la liberté a toujours porté le label.
Va auprès de nos illustres devanciers, en notre nom délivrer ce triste message.
Que ce peuple solidaire qu’ils ont si fièrement laissé en brassage…
…de l’unité et de la fraternité veut désormais rompre les liens.
Sans sourciller, porte leur ce cri de cœur d’une patrie qui s’éloigne de son propre bien !
Va digne fils des Bamba, extirpe toi de cette lugubre geôle.
Et comme une hirondelle, va à la recherche du printemps, fut-il à l’extrême pôle.
Va, va te coucher belle âme, sans aucune inquiétude.
Et loin, très loin de nous, laisse nous dans notre éternelle turpitude.
Conakry, le 18 décembre 2020
Siaka Barry, citoyen libre !